Je monte sur le Trochetia Mauritius. C'est le nom du bateau qui fait régulièrement la traversée Tamatave-Réunion-île Maurice : un bateau mi-cargo, mi-cabines. Le confort est plus que correct, des cabines super, un salon-bar ou on peut se relaxer avec un petit verre tout en regardant la télé grand écran. Aprés plusieurs allers-retours dans ma cabine je m'aperçois qu'il n'y a pas d'autres personnes dans la chambre qui est normalement prévue pour 2. Le passage à la douane et tout le tralala fut un peu dur à cause de l'humidité et la chaleur et aussi de se retrouver plutôt à l'étroit dans cette salle un peu sombre. Mais maintenant, ça va un peu mieux : nous sommes sur le bateau, il est climatisé et même dehors sur le pont, on sent un peu d'air frais, une petite brise marine agréable.
Je grimpe au pont supérieur regarder une dernière fois Tamatave : on peut voir s'affairer tout ce monde en bas, à finir de fixer les derniers containers prévus pour la Réunion ou Maurice. La nuit commence à tomber lorsqu'on entend les moteurs se mettre en route et puis ça y est le bateau se sépare du quai. Nous sommes fin novembre 2003. Auparavant le bateau faisait une escale par semaine à Tamatave, le mercredi, maintenant seulement une escale tous les quinze jours. Ce changement a eu lieu aprés les évènements politiques de 2002. Toujours est-il qu'il fait bon, appuyé contre le garde corps et le vent marin souflant sur le visage.
photos voyage Maurice Reunion Tamatave/Maurice vue du Port (Port Louis)
Il fait déjà nuit quand on nous appelle pour le repas. Chacun s'installe où il veut. Ne connaissant personne, je choisis une table au hasard. Les gens arrivent peu à peu, d'autres personnes me rejoignent, on nous sert. Le repas est bon, digne d'un bon restaurant, le service impeccable, les serveurs sympas. Les discussions sont lancées et finalement le temps du repas passe trés vite. Nous rejoignons le salon-bar pour voir le film du soir. Il est environ 19h30 locale mais il faut prévoir de changer l'heure car il ya un décalage horaire d'une heure entre Mada et la Réunion. Je monte un moment sur le pont, on aperçoit encore quelques faibles lueurs de Tamatave dans la nuit.On peut juste voir les vagues proches qui sont éclairées par les lumières du bateau. Le ciel est un peu couvert, difficile de distinguer les étoiles.
Toute la journée qui suit, nous naviguons sans problèmes : ça bouge un peu mais j'ai pris soin de prendre un petit comprimé de notamine pour le mal de mer ; je n'aime pas prendre de médicaments mais dans ce cas je fais exception car il m'est arrivé d'être malade 2 jours d'affilée et ce n'est pas agréable du tout, donc...
photos voyage Maurice Reunion Tamatave/entre Reunion et Tamatave en pleine mer
Le surlendemain au réveil, vendredi matin, nous sommes déjà dans le port de la Réunion. Nous prenons le petit déjeuner suffisamment copieux. Tout le monde se prépare à descendre. En effet tous les passagers de Tamatave débarquent à la Réunion. Je suis le seul à continuer sur Maurice. Malgré tout, l'équipage me demande de descendre car ils n'ont pas prévu de repas pour moi à midi et le bateau repart vers 17heures. Etant Français je n'ai pas besoin de visa pour entrer à la Réunion.
Je sors de la gare maritime, il n'est pas tout à fait 9 heures. Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire jusqu'au réembarquement vers 15 heures. En plus, on est en pleine zone industrielle loin de tout. Finalement comme j'ai le temps, je repère la direction du centre ville du Port (la ville s'appelle comme ça) et un pied devant l'autre j'avance. Je fais bien 3 km avant d'atteindre le centre ville. Je trainaille, ne sachant que faire. Puis vers midi, je m'assois à la terrasse d'un restau et commande un frugal repas car la Réunion, c'est pas Mada : les tarifs sont beaucoup plus élevés. C'est d'ailleurs une des raisons qui m'ont décidé de me rendre à Maurice plutôt que la Réunion pour sortir de Madagascar. Vous devez sortir obligatoirement de Madagascar avant 3 mois de séjour, c'est le temps de visa maximum autorisé, vous pouvez revenir à nouveau même aprés une journée. Je ne connais pas encore Maurice mais les contacts que j'ai rencontrés à Madagascar m'ont incité à découvrir cette île. De plus, la vie est bien moins chère qu'à la Réunion et quand le porte monnaie n'est pas épais, ça compte.
photos voyage Maurice Reunion Tamatave/la Reunion
vue du port de la Réunion
Jeudi 17 heures, les gens sont montés sur le bateau. On attend le départ pour Maurice. Juste une nuit à passer avant de toucher l'île soeur de la Réunion... C'est parti... Pendant encore un long moment on peut voir la majestueuse montagne de l'ancienne île Bourbon. Puis c'est l'heure du repas. Entre temps, j'ai fait connaissance avec mon nouveau compagnon de cabine. Il est Réunionnais et se rend à Maurice pour rendre visite à sa future femme. Il connait suffisamment Maurice pour me dire qu'il me faut absolûment une adresse à présenter à la Police lors de mon arrivée sinon je ne serais pas accepté. J'ai bien l'adresse d'un Mauricien que j'ai connu à Tamatave mais il n'est pas au courant de mon arrivée donc je ne sais quoi faire. Par précaution mon compagnon de cabine me donne l'adresse d'un hôtel bas de gamme à Port Louis où je décide de me rendre dés mon arrivée.
Samedi matin 8 heures, c'est le débarquement. Dommage, pas de colliers de fleurs à notre descente du bateau comme cette image que j'ai gardée d'un récit de voyageurs à l'île Maurice dans les années 70.
Une fois sorti de la gare maritime et changé un peu d'argent, je discute avec les taxis qui attendent les voyageurs. Ils parlent bien français, c'est cool. Je donne l'adresse de l'hôtel. Je monte dans un taxi et 5 minutes aprés je suis devant l'hôtel et soulagé de l'équivalent de 70 Roupies, 15 F environ. Un peu cher mais sans comparaison avec la Réunion ou l'Europe. Le tarif pour l'hôtel est de 350 Roupies/jour soit 70F . Il se trouve dans une petite rue où un marché aux vêtements se tient quotidiennement. Ma chambre est tout en haut au 3ème étage en passant par des recoins et des escaliers dans un sens puis un autre. Les cloisons sont en contre-plaqué. Je suis inquiet pour passer la nuit me demandant si le bruit des voisins ne me gênerait pas. Mais au final, pas de voisins, donc la nuit fut tranquille.
photos voyage Maurice Reunion Tamatave/Maurice
Rue de Port Louis
photos voyage Maurice Reunion Tamatave/Maurice
Port Louis centre commercial le Caudan
L'ami Mauritien que j'ai connu à Tamatave s'appelle Réaz. C'était environ 4 mois plus tôt. Il m'avait laissé son adresse et son téléphone. Il habitait la campagne dans le centre nord de l'île. Le temps ayant passé et ne l'ayant pas prévenu de mon arrivée, j'avais un peu peur qu'il ne se rappelle plus de moi car on s'était vu peu de temps à l'hôtel Lionel : il n'était resté qu'une semaine et à ce moment je ne savais pas avec certitude que j'allais venir à Maurice, c'était juste une vague possibilité. Finalement je décide d'appeler. Je fais plusieurs tentatives avant d'avoir quelqu'un et finalement j'ai Réaz au bout du fil : il se rappelle bien de moi et c'est tout de même une surprise pour lui mais il est content. Il me fait savoir qu'il n'a pas de voitures sous la main pour venir me chercher. Il faut attendre le lendemain pour avoir d'autres renseignements. Mais le lendemain pas d'appels et je n'ose pas trop déranger. Le troisième jour cependant, appel téléphonique de Réaz qui me donne rendez-vous pour le lendemain matin. J'étais trés content car autrement je ne savais pas quoi faire ici. Je me promenais dans le centre ville de Port louis. Je mangeais dans des gargottes : c'était pas cher, 5 à 10 F avec boissons et selon ce que je prenais. Par contre, je ne sortais pas le soir car le patron de l'hôtel m'avait mis en garde contre quelques voyous qui pouvaient traîner dans le quartier. Bien qu'aprés avoir passé un premier séjour de 3 mois je me suis rendu compte que Maurice était un endroit trés calme où vous pouviez même dormir les portes ouvertes sans risques,,, mais bon, il ya quelques rares cas de délinquance mais je répète "c'est certainement un des endroits au monde parmi les plus sûrs pour touristes".
Les gens sont charmants et toujours prêts à vous aider ou vous renseigner. Les Français sont particulièrement appréciés : cela est certainement dû au fait qu'auparavant l'île était française, elle s'appelait l'île de France et c'est à cette époque me semble t-il qu'un grand nombre d'immigrés indiens sont venus pour le travail ; c'est au moment où l'esclavage fut aboli et il fallait trouver de la main d'oeuvre pour s'occuper des cannes à sucre. Précédant les Français, les Hollandais sont les premiers à domestiquer l'île mais les conditions rigoureuses dûes au climat _ la chaleur d'un côté, les cyclones de l'autre_ les ont poussé à délaisser l'île. En fait, ce sont eux qui ont donné le nom de Mauritius. Les Français sont restés une centaine d'années, je crois, avant d'être attaqués par les Anglais qui ont finalement pris possession des terres. La culture et la langue française se sont maintenues, une grande partie de la population était française.
Si vous roulez à Maurice, faîtes attention car la circulation est à gauche et les volants à droite comme en Angleterre. Les routes sont plutôt belles dans l'ensemble, seuls les bas-côtés sont dangereux car presqu'inexistants. Pire même, puisque ce sont des petits canaux bétonnés prévus pour récupérer l'eau de pluie. Donc le moindre écart au bord vous fait tomber dans ces fossés. On trouve aussi ces constructions à la Réunion. L'explication tient à la grande quantité d'eau dûes aux pluies tropicales qu'il faut évacuer de la route. Rassurez vous, il ne pleut pas tout le temps. Non, le temps d'ensoleillement est de trés loin supérieur.
J'attendais Réaz. Il était 11 heures et nous avions rendez-vous vers 9 heures. Je me promenais dans la rue juste devant l'hôtel à regarder les différents stands du marché. Puis j'aperçois Réaz qui maneuvrait pour garer sa camionnette. Une petite discussion s'ensuit et je monte chercher mes bagages, il m'invite quelques jours chez lui. C'est une famille musulmane. Il me pose quelques questions et donne quelques conseils afin de ne pas gêner certains membres de la famille. Surtout pour l'alcool, mais en ce qui me concerne, je ne bois pas et je suis trés respectueux des autres traditions. En route pour la campagne !
Le soleil était présent depuis mon arrivée quatre jours plus tôt, juste quelques gouttes de pluie venaient de temps à autre mouiller le bitume. Il faut dire que fin novembre c'est le tout début de la saison des pluies dans ce coin de l'Océan Indien. Les cyclones et autres grosses perturbations sont plutôt prévues entre janvier et avril quand il y en a. Il faisait chaud et les vitres ouvertes de la camionnette faisaient du bien. On traverse Port Louis vers le nord en prenant la direction de Pamplemousse (où se trouve le fameux jardin) mais nous bifurquerons bien avant pour nous diriger vers Flack au nord-est de l'île. Nous traverserons quelques forêts dont je respire un peu l'air frais et nous monterons légèrement, environ une centaine de mètres d'altitude, pour nous arrêter à Brisée Verdière, nom de la petite ville où habite Réaz. Cette faible dénivellation permet à certains endroits dégagés de voir le nord de l'île d'est en ouest avec ses plages et la barre d'écume blanche provoquée par la barrière de corail qui protège les verts lagons.
Réaz m'apprend qu'il prend le bateau dimanche prochain pour Tamatave. Il retourne voir un fournisseur malgache qu'il avait contacté lors de son séjour où je l'ai connu. Il voulait importer des ourites (poulpes) fumées, c'est un produit trés demandé à Maurice.
Nous arrivons à la maison ou plutôt aux maisons car ici les familles construisent leur maison les unes sur les autres. Ainsi le fils montera sa maison contre celle des parents et le deuxième fils fera de même. Ce n'est pas toujours joli mais on trouve tout de même de belles réalisations. Ce qui est typique, c'est qu'il n'y a pas de toîts comme nous les connaissons : les toîts sont en pente ou terrasses mais toujours en béton ; pas de charpentes, pas de tuile s. Explication : les cyclones.
Je dormirai dans la chambre de Réaz. Il y a 2 lits, un confort sommaire mais trés suffisant. Une fenêtre de type anglais avec seulement des pans réduits qui s'ouvrent. Ce qui est étonnant, c'est l'absence de volets qui pourraient offrir une protection contre les cyclones. Mais là, rien. C'est d'ailleurs pareil à Madagascar... Seulement des vitres de faibles épaisseurs ???. Je rencontre la famille par petits bouts. Le père qui est le chef de famille : il est à la retraite et passe son temps comme il peut : il fait quelques courses le matin et j'ai appris bien plus tard qu'il faisait souvent la cuisine : entre autres, c'est un expert pour faire le "briani" un plat traditionnel Mauricien. Il ne parle pas bien français et moi je ne parle pas le créole mauricien, nous n'avons donc pas échangé beaucoup de paroles. La mère, trés gentille, toujours le sourire et me demandant régulièrement " thé chaud ?" que j'accepte régulièrement. C'est elle qui s'occupe du ménage et des repas en général et aussi le lavage du linge qui prend un temps certain quand il n'y a pas de machine. Ensuite j'ai rencontré les frères les uns aprés les autres. Le contact a toujours été trés sympathique. Les soeurs étant mariées et vivant ailleurs sur l'île, je n'ai pu les voir que par la suite.
Comme Réaz devait bientôt partir, je me sentais géné de rester chez eux donc je me suis mis rapidement à la recherche d'un logement avec son aide. Le lendemain, nous avions trouvé une maison qui était partiellement à louer, non loin de chez eux, à 300m pour être exact et je n'étais pas loin non plus du grand frère de la famille qui habitait dans la même rue. Choun, c'était son surnom, voulait que je vienne manger tous les jours chez lui. Je ne voulais pas abuser, alors j'ai décidé de ne venir que le soir. Avec sa petite famille il habitait dans sa maison neuve qui n'était pas encore finie mais largement habitable. Elle était située juste à côté d'un champ de cannes à sucre. Le reste des travaux se fera au fur et à mesure de l'argent disponible. Tous les soir, j'étais attendu pour le souper vers 20 heures. Souvent je mangeais seul, quelque fois avec Choun quand il était rentré de son travail. Dans les familles musulmanes, c'est ainsi que ça se passe : en tant qu'homme on mange avec les hommes. Je ne sais pas pour les autres familles. Bien-sûr, je préférais manger avec Choun. Malgré son mauvais français, on pouvait discuter un peu, d'autant plus qu'on avait bien sympathisé : il était à son compte, il avait son petit camion qui lui servait à livrer du poisson séché qu'il mettait en barquette, dans quelques magasins de l'île. Ce n'est pas que ça rapportait beaucoup mais ça lui suffisait. J'ai remarqué que beaucoup de Mauriciens avait ce tempérament : les salaires n'étant pas trés élevés (entre 500 et 1000 F/mois en moyenne), ils s'en suffisaient sans vraiment se plaindre. A ce moment là, en 2003/2004, il n'y avait guère de chômage à Maurice.
Nous avions accompagné Réaz au port ce dimanche. Une bonne partie de la famille était montée à l'arrière du camion. Moi, j'avais droit à des faveurs, j'étais devant. Une fois Réaz ayant passé la douane, il n'était plus visible. Nous sommes sortis dehors sur le parking attendant de le voir une dernière fois à travers les grilles. Finalement, on l'a tout juste aperçu dans la navette qui l'emmenait avec les autres voyageurs vers le bateau. Quelques signes d'adieu puis retour à la campagne.
Dans les jours qui suivirent, je m'habituais à ma nouvelle petite demeurre. Ma chambre était trés claire et confortable. J'avais la jouissance de la cuisine et de la salle de bains. Le chauffe eau ne marchait pas : ça me posait un problème car je suis assez frileux de l'eau froide : par contre j'adore ces douches qui sont grandes : pas de bacs à douche, en fait ce sont des mini pièces de 1 m sur 2 environ avec la douche d'un côté et de l'autre de quoi suspendre les affaires. Dans ma chambre, une vieille télévision me permettait de suivre les infos en français. Réaz m'avait également prété un lecteur de VCD et je louais régulièrement des films au vidéo-club à 100 m de chez moi. Je ne m'ennuyais pas beaucoup. Le soir, je regardais un film. La journée, je prenais le bus pour aller à Flack ou à Port Louis et aussi Choun était heureux de me faire découvrir les plages du coin quand il était libre : Pointe Lafayette, Bellemare, etc. Je pouvais prendre de nombreuses photos. Nous étions en décembre 2003 et le temps était au beau fixe.
Réaz revînt la semaine d'aprés avec de mauvaises nouvelles. A Tamatave, il avait débarqué le mercredi matin et devait reprendre le bateau l'aprés-midi même, juste un aller-retour. Il avait normalement rendez-vous avec son fournisseur malgache, Malak. Malheureusement celui-ci n'était pas là malgré plusieurs communications téléphoniques à partir de Maurice pour confirmer. Réaz avait donné une avance d'argent importante à Malak afin que celui-ci puisse s'approvisionner et envoyer environ 250 Kg d'ourites (poulpes). Réaz venait pour superviser la première expédition. Ne voyant pas Malak, il se renseigne et apprend qu'il est à Foulpointe, c'est à dire à 50 km au nord de Tamatve. Sans attendre, il prend un taxi-brousse avec un ami qu'il avait rencontré sur le bateau. Réaz ne connaissait rien à Madagascar. Arrivé à Foulpointe, il trouve le fameux Malak, menottes aux poignets, suivant des policiers. Juste le temps d'échanger quelques paroles qui apprennent à Réaz que Malak n'avait aucune cargaison d'ourites et qu'il avait gaspillé tout l'argent contrairement à ce qu'il nous avait dit quelques jours plus tôt au téléphone. Réaz reprît un taxi-brousse pour revenir sur Tamatave. Il avait juste le temps de remonter sur le bateau avec la mort dans l'âme : toutes ses économies de plusieurs années englouties dans ce projet sans résultats. C'était prévu de faire ce petit commerce d'ourites avec Choun qui avait le camion et les clients à qui fournir le produit.
Le mois de décembre arrivait à sa fin. Je voulais changer de logement. J'avais réussi à prolonger mon séjour de 2 mois de plus, soit 3 mois en tout : on peut rester jusqu'à 6 mois maximum dans une année à Maurice en tant que touriste mais il faut pour cela aller se justifier aux services d'immigration à la capitale. Un soir, on décide d'aller au Caudan water-front : c'est un complexe commercial situé en front de mer à Port Louis. C'est une trés belle soirée, on se promène dans les magasins, les bijouteries : nous passons à travers les brasseries et longeons les quais avec la mer juste dessous. On assiste à de nombreuses animations, jongleurs, chanteurs, comédiens. L'ambiance est trés lègère et bonne enfant. Beaucoup, beaucoup de gens et c'est comme ça tous les jours.
A nouveau avec Réaz, nous cherchons dans les journaux pour trouver un autre logement pour moi. La décision est prise pour un meublé tout neuf à Bramsthan, non loin de Trou d'eau douce, endroit d'où l'on embarque pour visiter l'île aux Cerfs. L'appartement est magnifique. Il est situé au 2ème étage d'un bâtiment au-dessus d'une menuiserie. Cela me permet d'être un peu au-dessus du village pour le point de vue mais les arbres proches empêchent de voir au loin.
Dans le même temps, je cherche avec Ali, autre frère de Réaz, un cyclomoteur afin de me promener plus facilement sur l'île. Ali a un atelier de réparation de cyclomoteur donc il est à même de trouver quelquechose au plus vite. Le choix porte sur une sorte d'Amigo Honda. Je ne cherche pas la vitesse mais plutôt la sécurité mécanique . C'est pour cela que je ne prends pas un cyclo de type indien. Il y a des Peugeot 103 et P50 mais ils sont plus chers. Je paye mon Amigo l'équivalent de 1000 F et il reste suffisamment d'assurance pour le temps qu'il me reste à passer. Je revendrai mon Amigo une bouchée de pain au terme de mon séjour. C'est Ali qui en profitera : tant mieux car il m'a bien dépanné et toujours gratuitement.
Me voilà donc totalement autonome, avec mon appartement et mon Amigo. Rien ne manque à l'appartement, il faut juste faire les courses pour manger. J'emménage pour le début janvier. C'est à ce moment que le temps se gâte, un cyclone est annoncé mais au final juste une petite tempête qui mettra 3 jours à s'évacuer. Les jours qui suivent, je pose mes fesses sur la petite moto le matin et me voilà parti à droite et à gauche, toujours une carte à la main et un imperméable posé sur mon guidon, saison des pluies oblige. Pour manger à midi, pas de problèmes, je peux trouver des petites gargottes un peu partout : il faut juste se méfier le vendredi car les échoppes musulmanes sont fermées. En général je ne rentre que le soir avant la tombée de la nuit. Il n'est pas facile de rouler de nuit avec une petite moto qui marche à peine à 40 km/h avec le trafic routier et surtout les bus mauriciens : ahhhhhh les bus,,, ceux qui connaissent me comprendront.
J'ai une clim dans ma chambre. Elle est bien utile car quand je rentre en fin d'aprés-midi, la télécommande de la clim m'indique 37 degrés tous les jours. En effet je suis juste sous la terrasse. Alors je ferme toutes les fenêtres et je mets la clim de la chambre en route en prenant soin de condamner les autres chambres que je n'utilise pas. Il faut environ 2 à 3 heures pour que la clim commence à refroidir la chambre le salon et la cuisine. J'ai le temps de faire la cuisine et manger puis je m'installe devant la télé avant d'aller dormir au frais dans la chambre.
Je rends visite régulièrement à mes amis. On fait des pique-nique de temps en temps sur les plages. Les Mauriciens sont friands de cela. Un autre frère à Réaz est chauffeur de minibus pour un hôtel de Grand Baie. Tous les jours, il emmène les touristes en ballade. A plusieurs reprises, je l'accompagne : une fois à l'île aux Cerfs, une autre fois dans la moitié sud de l'île, une autre fois encore dans les magasins du plateau central. Et toujours gratuitement, il ne veut pas que je paye le transport : ça me change de Madagascar où c'est tout le temps la main à la poche pour donner ici et là. Mais Mada, c'est différent, on apprécie ou non. L'île aux Cerfs est le cliché typique des plages paradisiaques : ça vaut le coup d'y passer la journée. Le lagon est magnifique, d'une pureté et d'une couleur parfaite : seul défaut peut-être, le niveau d'eau qui atteint tout juste mon nombril. Mais quel plaisir de se baigner dans cette douceur ! Vous pouvez aussi partir à pied, vous promener dans l'île sous l'ombre protectrice des grands filaos.
Je passe beaucoup de temps à l'atelier d'Ali. J'aime beaucoup la mécanique et ça me manque énormément de ne pas bricoler. Aussi ça me fait un passe temps. De plus Werner que j'ai rencontré à Madagascar juste avant de venir à Maurice est lui-même ici maintenant. Je l'ai appris par Réaz car il a fait le voyage retour de Tamatave en sa compagnie. Aprés quelques recherches, je réussis à le trouver à Grand baie : j'avais quelques indices. Il est venu à 2 reprises me rendre visite à Bramsthan. Il appréciait car là où il louait à Grand Baie, il ne se sentait pas bien dû au tapage le soir de 2 Françaises qui logeaient dans l'appartement d'à côté. Malgré la stature de Werner, prés de 100 kg, le petit Amigo accepte de nous transporter tous les deux sur les plages de l'Est et les petites routes du coin que je fais découvrir à mon ami. Cependant Amigo fatigue à un moment et se débrouille pour crever alors que nous sommes à plus de 15 km de l'appartement. J'ai toujours mon portable avec moi : j'appelle alors Choun qui vient tout de suite avec son camion et emmène tout le monde. Il nous laisse chez moi et emporte Amigo à Brisée Verdière. Le lendemain, je prends le bus pour m'occuper d'Amigo. Je le récupère chez Ali et je l'emmène chez un collègue à lui qui s'occupe uniquement des pneus. Deux heures plus tard c'est réparé et je peux à nouveau rouler. Werner est reparti sur Grand Baie le matin, nous nous reverrons encore une fois avant la fin de mon séjour et puis d'ailleurs il décidera de me raccompagner à Tamatave pour me présenter un ami à lui, un allemand botaniste qui est installé là depuis une vingtaine d'années : malheureusement la coopération-travail envisagée ne se fera pas, dommage.
Amigo me sert bien. Sa couleur jaune vif me fait penser à un jouet. Son petit ronronnement fait plaisir à entendre. Je prends de nombreuses photos de mes escapades. J'ai ma caméra numérique que j'emporte à chaque sortie (malheureusement en décembre 2005 à Tamatave, des cambrioleurs voleront mon ordinateur et ma caméra : du coup je perdrai des milliers de photos). Plusieurs fois je pars vers Mahébourg, jolie petite ville de l'est de Maurice. Ici pas de plage mais une ville à l'ambiance trés sympathique, une âme différente de ce qu'on a l'habitude de visiter. Ils ont trés bien emménagé le bord de mer et la gare routière, c'est trés joli, trés plaisant. On trouve de petits restaus à terrasse, le marché le matin seulement et de belles demeures créoles typiques en fouinant dans les ruelles. Pour 500 roupies/jour, vous trouvez de petits studios tout équipé et trés confortables pour y passer un jour ou deux ou plus. Mahébourg se trouve prés de Plaisance, l'aéroport de Maurice. Pour ceux qui reprennent l'avion, ça vaut le coup de passer ses derniers jours dans cette petite ville à cinq minutes de l'aéroport en taxi.
Une autre fois, je décide de partir à la recherche de cascades. Aussi, je prends la carte, repère les rivières et petits fleuves et prends la route qui me permettra de croiser les cours d'eau : je n'ai pas trop de chance, je ne trouve pas de cascades ou du moins pas ce que je veux. Cependant je trouve de jolis coins. Je monte et descends des montagnes. Je traverse des petits villages et la forêt sur les hauteurs de l'île. Je m'arrête parfois pour jouir du point de vue. A beaucoup d'endroits, on peut apercevoir la côte au loin. Et quand je me rapproche de la mer, je me propose souvent de tremper mes pieds quelques minutes dans le lagon ou de me baigner si j'ai emporté mes affaires. La plupart des plages sont bordées de grands filaos, sorte de pins maritimes. Ces arbres permettent une ombre sympathique presque jusqu'au bord de l'eau.
Mon séjour arrive à sa fin. Bientôt la fin février. Je dois reprendre le bateau pour Tamatave. Werner m'accompagne. J'ai acheté un jeu d'échec car Werner comme moi sommes joueurs, lui plus que moi. La traversée sur le bateau se fera sans voir le temps passer. Arrivés à Tamatave, nous rejoignons l'hôtel Lionel qui était mon PC à l'époque. Le lendemain nous allons faire changer un peu d'argent et les roupies mauriciennes qui nous restent. L'ambiance de Tamatave nous enveloppe, la mémoire de Maurice s'estompe. C'est un autre mode de vie. Ce soir nous sortons en boîte.
A bientôt.
Thierry
PS. Je voudrais remercier chaleureusement toute la famille de Réaz : ça a été un grand plaisir pour moi de les connaître et trés agréable d'avoir leur appui. Depuis, j'ai eu l'occasion de retourner à Maurice et ils m'ont encore accueilli. Beaucoup de Mauriciens sont ainsi. Cela me rappelle, il y a prés de trente ans en arrière, lorsque je traversais le Sahara algérien, l'hospitalité de ses habitants : si la mémoire me revient suffisamment, peut-être ferais-je un récit de cette époque.