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PREMIER VOYAGE : L'EXPLOITATION DE PIERRE PRECIEUSES A MADAGASCAR, LE LONG DE LA CÔTE EST., par Clément Souvignet

Voici le compte rendu de Clément de Saint Etienne sur son aventure à Madagascar en 2008. Il faut dire que c'est son premier voyage à Mada donc pas évident pour un jeune... mais il s'en est bien sorti et son travail sur place mérite une trés bonne note. Merci à lui de nous faire part de son expérience sur place.

 

 

08/08/08

Ca y est c'est le grand jour, je me lève à 9 heures et vérifie une dernière fois mon gros sac à dos posé dans le coin de ma chambre. Mon bus SNCF au départ de la gare Chateaucreux de Saint-Etienne à destination de Lyon doit partir à 11h18. Je m'y rends pour 10 heures et demi, histoire d'avoir le temps de faire un petit aller-retour rapide en cas d'oubli de dernière minute. Une fois que je serai dans ce bus la grande aventure tant attendue et tant préparée pourra commencée. L'excitation commence réellement à se faire sentir même si j'ai encore un peu de mal à réaliser ce qui m'attend pour les jours à venir. Mes parents devant aller travailler, repartent en me laissant seul à la gare routière, je m'assois sur un banc et m'aperçois que beaucoup de gens me regardent du coin de l'œil avec un air interrogatif ou bien avec un petit sourire en coin; c'est vrai que je ne suis pas très discret avec mon gros sac à dos de 20 kg posé à coté de moi, mon petit sur le dos, ma casquette, mon vieux t-shirt et mes grosses baskets...

 

Après un peu d'attente, j'apprends que les bus pour Lyon la Pardieu partent toutes les demie-heures, je peux donc prendre celui de 10h48, super... ça me laissera une demi-heure de plus pour prendre ma correspondance pour Paris, je n'aurai pas besoin de courir avec tout mon attirail, d'un employé de la SNCF à l'autre, pour trouver mon train sans le rater.

J'aime bien l'ambiance des tgv et surtout des wagons-bars ou l'on peut prendre un petit café, lire un journal ou tout simplement discuter avec d'autres passagers tout en regardant défiler le paysage... C'est finalement ce que j'ai fait avec un Parisien qui était à Lyon « pour affaire » et qui regagnait à présent la Défense, on a discuté de la pluie et du beau temps puis on en est venu à mon périple: il avait du mal à croire ce que je lui racontais, comme la plupart des personnes que je devais rencontrer par la suite

Arrivée à Paris : Voilà le moment que je redoutais un peu...La SNCF et l'Aéroport De Paris ne prévoyant pas de navette pour faire la correspondance entre la gare de Lyon et l'aéroport d'Orly je vais devoir me débattre dans le métro Parisien que je ne connais absolument pas. Finalement après avoir demandé mon chemin tout les dix mètres j'arrive à bon (aéro) port

Là encore je ne suis pas un grand habitué des aéroports internationaux, faut bien le dire, c'est un peu la jungle... Des escaliers de partout, des couloirs dans tous les sens, il faut faire un kilomètre pour aller aux toilettes etc. De toutes façons j'ai le temps, mon avion ne décolle qu'à 21 heures, mais bon, faut pas s'y prendre à la dernière minute avec l'enregistrement des bagages et l'embarquement qui doit se faire plus d'une heure à l'avance.

Comme beaucoup, j'ai eu du mal avec les nouveau billets d'avion électroniques, jusqu'à la dernière minute j'ai un peu douté... Comment cette petite feuille pliée en quatre dans ma poche pourrait bien me permettre d'embarquer dans l'avion ? Je n'étais d'ailleurs pas le seul à me poser des questions, tout autour de moi des personnes retournaient leur billet dans tous sens pour voir si une inscription ne leur avait pas échappé. Finalement rien ne manquait à personne et l'enregistrement des bagages se passa très bien. Le vol dura 14 heures car on est passés par Mayotte, 14 heures c'est long, mais l'avion je ne m'en lasse pas, il suffit de faire la conversation avec ses voisins ; hélas les miens n'étaient pas très bavards et tout ce que j'ai pu leur faire dire, c'est qu'ils étaient un couple de retraités qui allait passer leurs vacances à Madagascar Aussitôt après cet aveu ils se sont endormis me bouchant l'accès à l'allée centrale jusqu'au lendemain, j'ai donc eu tout le loisir d'observer les paysages et les nuages de mon hublot.

09/08/08

Il est environ 8 heures et nous approchons de l'aéroport de Dzaoudzi à Mayotte, le paysage est exceptionnel vu d'en haut, un avant goût de Madagascar. L'avion atterrit sur l'unique piste de l'aéroport à 10 mètres à peine de l'eau, de l'intérieur nous pouvons voir une partie de la ville avec ses maisons aux murs clairs et aux toits en bois ou en chaume. Tout cela parsemé au milieu des palmiers et des cocotiers et au bort de l'océan, bref une vraie carte postale.

L'avion redécolle à moitié vide, j'en profite pour aller m'assoir un peu plus loin, je suis bientôt rejoint par une mamie brésilienne qui vient de monter à bord et qui me confie détester l'avion, de fil en aiguille elle me parle du brésil et de Salvador, la ville ou elle habite. A l'écouter, ça me donne aussi envie de voyager au Brésil,,, peut-être la prochaine fois.

Le vol étant d'une distance plutôt courte, l'avion ne volle pas très haut et nous pouvons apercevoir une chose incroyable du hublot : nous venons de commencer à survoler Madagascar et le spectacle est magnifique, le bleu de l'océan indien à côté du rouge de la terre malgache parsemée de multiples taches vertes de végétation. Du ciel, le surnom « d'île rouge » donné à Madagascar prend tout son sens...

Cette fois on atterrit à destination. Enfin, je peux marcher sur le sol Malgache. On récupère nos bagages dans la petite salle de l'aéroport d'Ivato, près d'Antananarivo. Je n'ai pas fait deux pas dehors qu'une quinzaine de Malgaches m'entourent pour me proposer divers services : Taxi, change, carte routière, boisson, nourriture...

Finalement le seul moyen de pouvoir respirer un peu est de re-rentrer dans l'aéroport, les Malgaches sont très accueillants mais parfois un peu trop oppressants. D'ailleurs, je vois que l'ensemble des personnes qui étaient dans l'avion ont le même « problème » que moi.

La ville d'Ivato où se trouve l'aéroport international de Madagascar est distant d'une dizaine de kilomètres d'Antananarivo, le taxi « officiel » de l'aéroport étant le seul autorisé dans cette ville les prix sont aussi très élevés. Il faut compter environ 50 000 ariarys (20 euros) pour rejoindre la capitale, ce qui est ici une vraie fortune, j'étais donc bien décider à prendre un des nombreux petits bus qui font le trajet et qui, eux, sont presque gratuits, environ 300 ariarys (12 cts d'euro).Je me mets donc en quête de l'arrêt le plus proche, poursuivi par quelques chauffeurs de taxi qui m'assurent tous très bien connaitre l'adresse à laquelle je me rends. Je devais en effet me rendre dans le quartier d'Ambato bé, au nord de la capitale, dans une famille de français installée depuis deux ans et que j'avais rencontré sur couschsurfing. J'arrive à l'arrêt de bus, dix secondes plus tard un bus arrive ; il est bondé. Certaines personnes descendent par les fenêtres, ce minibus d'une dizaine de places doit bien contenir le double de personnes. Je comprends alors qu'avec mes deux sacs à dos la chose ne serait pas aisée. De plus, ce minibus allait en centre-ville. Je devais donc en prendre ensuite un autre pour aller à Ambato bé. Je repars donc vers le parking des taxis à 100 mètres en me jurant de ne plus faire de telles dépenses pour ci-peu.

Je monte donc finalement dans un taxi, il faut dire que j'ai eu l'embarras du choix ; la plupart des taxis étant des 4L et des 2 chevaux, mon choix s'est porté sur une 406. Les prix, quelque soit la voiture, sont fixes et non négociables pour les taxis de l'aéroport.

La circulation à Antananarivo est un enfer, j'ai lu quelque part qu'il s'agit de la deuxième ville la plus polluée du monde après Mexico ce que je n'ai finalement pas trop de mal à croire. Assis à la place du mort j'ai pu observer pour la première fois pendant près d'une heure la vie dans les rues d'une ville du tiers monde. La pauvreté est de partout, je me crois un peu dans un de ces reportages d'envoyé spécial qui nous montre la misère des pays pauvres, ça fait quant même un peu bizarre d'être ici. J'ai l'impression d'être une anomalie ou un anachronisme venant du futur. Cependant je ne peux m'empêcher de sourire en pensant que je suis en train de vivre quelque chose que je ne ferais peut-être pas deux fois, si quelqu'un m'avait dit il y a six mois que je serai en ce début du mois d'aout tout seul au milieu de cette ville avec le gros sac à dos je ne l'aurais certainement pas crû...

Nous venons à présent de passer le centre ville et commençons à aller dans l'agglomération d‘Antananarivo, j'aperçois des bidonvilles un peu partout et quelques rizières au milieu. Le chauffeur met à présent de la musique Malgache et me parle un peu du quartier d'Ambato bé, il m'explique que c'est un peu le ghetto des étrangers occidentaux qui vivent dans de grandes maisons récentes surveillées par des gardiens, j'ai quand même un peu de mal à le croire.

Peu de temps après, en effet, nous commençons à apercevoir de grands murs surmontés de barbelés ou de morceaux de verres et de grands portails gardés par des hommes armés qui sont assis dans des sortes de petites cabanes. Le chauffeur n'avait pas du tout exagéré. Il était même en dessous de la réalité. Enfin nous arrivons à la « villa fadjo ». J e me présente au garde qui part m'annoncer puis revient m'ouvrir.

Le quartier est situé sur les hauteurs de la capitale, de la fenêtre de ma chambre je peu presque voir chacune des onze autres collines qui entourent la ville, moi je suis sur celle qui est la plus au nord. Je vois s'étaler sous mes yeux, des bidonvilles et quelques buildings dans le quartier récent des affaires à l'horizon, mais le plus beau se trouve juste en dessous du quartier d'Ambato-bé, dans le creux formé par deux collines s'étalent de nombreuses rizières au milieu desquelles travaillent des hommes et des femmes. Les rizières sont séparées par de petits bandeaux de terre qui servent en même temps de chemins de circulation. La maison dans laquelle je suis est comme les autres, un vrai bunker. Le chauffeur de taxi m'a expliqué que c'était tout simplement un moyen pour les riches de se protéger des pauvres. La misère pousse à faire n'importe quelle folies. Les crimes sont fréquents à Antananarivo et plusieurs personnes m'ont fortement recommandées de ne pas me promener en centre ville et même de sortir de chez moi après 18 heures, heure à partir de laquelle le soleil commence à se coucher sur la ville pendant les mois de juillet et août, période hivernale dans l'hémisphère sud. La famille qui m'accueille est adorable, il s'agit d'un jeune couple avec un garçon de 6 ans et une petite fille de 4 ans. Je dois dormir deux nuits chez eux, le temps que je passe à Antananarivo avant de partir pour Tamatave. Laurent (le mari) m'explique qu'ils déménagent environ tous les deux ans. En 2006, ils étaient en Afrique du sud et à présent ils s'apprêtent à partir pour l'Australie. Ceci est possible grâce à son métier de reporter animalier qui l'oblige à changer souvent de région du globe, cette vie me fait vraiment envie...

10/09/09

Je me réveille pour la première fois sur le sol Malgache, aujourd'hui je dois rencontrer dans l'après-midi un grand lapidaire belge installé à Madagascar depuis plus de quinze ans, Mr Pogorselski, mais en attendant je compte bien visiter un peu la capitale pendant la matinée. Je prends donc le bus qui m'amène en centre ville, j'ai repéré sur mon guide plusieurs petits musées à visiter ou des lieus qu'il faut à tout prix voir. Le bus me laisse à la place Karl Marx, un énorme rond-point qui dessert toutes les grandes artères de la capitale, juste à coté du lac Anosy au milieu duquel s'élève un immense monument au mort dédié aux combattants de la première guerre mondiale Je me rend donc au musée de l'archéologie, comme la plupart des musées malgaches, il s'agit d'un petit local tenu par des bénévoles; l'accueil y est très chaleureux, j'espère pouvoir y trouver des renseignements sur l'exploitation des pierres ou des données géologiques sur le sol Malgache, hélas le musée n'est pas encore totalement achevé mais un des guides me donne quelques bonnes adresses sur le sujet dans la capitale.

Je retourne à pied en centre ville pour me rendre à l'hôtel Colbert, l'hôtel ou le lapidaire que je dois rencontrer à son bureau. Je reviens en passant par le marché des fleurs le long de l'avenue de l'indépendance, sur cinq cents mètres s'étalent des petites cabanes remplies de fleurs en tous genres et de petits arbres. Je continue ma ballade dans le quartier d'Anosy, c'est un quartier chic en raison des grands hôtels qui s'y trouvent, un commerçant m'explique que la plupart des diplomates et des hommes d'affaires de passage à Antananarivo ont leur chambre dans les hôtels du coin : Le Colbert, l'hôtel de France etc.

En se baladant dans les rues de ce quartier chic l'écart du niveau de vie entre les «riches» et les «pauvres» est encore plus marquante qu'ailleurs, je découvre vraiment des scènes qu'il est impossible de voir dans un pays occidental. Beaucoup de mendiants et de vieillards viennent demander l'aumône aux hommes qui descendent de grosses voitures, certains leurs proposent de nettoyer leur pare brise pour une bouchée de pain, d'autre essayent de leurs vendre des journaux occidentaux de la semaine précédente, je suis moi-même très remarqué et très sollicité dans cette ville ou être blanc signifie être riche. Après un repas frugal dans une bicoque ou l'on mange pour moins d'un euro je me dirige vers l'hôtel Colbert non loin de là. Le portier me laisse entrer sans problème. Cet hôtel qui surplombe le lac Anosy est vraiment splendide, comme la plupart des bâtiments à l'architecture élaborée celui-ci date de l'époque coloniale Française, à l'intérieur les couloirs ont des parquets en chêne et les murs sont couverts de tapisseries et de boiserie. A l'accueil on m'explique que Mr Pogorselski est en pleine exposition de pierres précieuses avec de nombreux autres Lapidaires et qu'il m'attend. Il vient à moi dès mon entrée dans la salle d'exposition puis peu de temps après nous passons dans son bureau ou il me laisse l'interviewer pendant plus d'une heure sur ses nombreuses expériences dans le domaine des mines.

17 heure approche et le soleil est déjà bas dans le ciel, je rentre donc rapidement à Ambato bé car je souhaite faire un petit tour dans les rizières avant qu'il ne fasse complètement nuit. J'avance prudemment sur les petits murets de terres qui servent de séparations entre les différentes parcelles. Au bord du petit ruisseau qui traverse les rizières pour les alimenter travaillent de nombreuses femmes, la plupart sont là pour laver du linge sur de grosses pierres ou des planches en bois, d'autres, moins nombreuses, ont à coté d'elles un grosse pile de bouteilles en plastique qu'elles ont probablement trouvées par terre ou dans des poubelles et qu'elles rincent dans l'eau du ruisseau pour pouvoir ensuite les revendre. Toutes ces activités donnent une couleur blanchâtre à cette eau qui servira pour se laver à de très nombreux Malgaches des quartiers pauvres.

11/08/08

C'est le dernier jour que je passe dans la capitale jusqu'à mon retour à la fin de mon périple pour reprendre l'avion. Je m'en vais à présent à Tamatave, la plus grande ville portuaire de la côte Est qui est aussi le poumon économique du pays étant donné que les trois-quarts du commerce extérieur de Madagascar passent par ce port. Le bus part de la gare routière du Nord-est de la ville à 18 heures, cela me laisse encore la journée pour flâner dans les rues de la ville. Je fais mes adieux à ma famille d'accueil qui me fait promettre de repasser les voir à mon retour. Cette fois je vais devoir porter mon sac à dos toute la journée ; les voyages en minibus quand on est chargé sont incroyablement pénible à cause de la chaleur et du monde.

Je commence à monter la petite rue en zigzag qui mène au palais de la reine sur la colline du Rova quand un Malgache vient m'aborder en me parlant de la France, il s'appelle Gégé et se dit guide indépendant, il me fait tout un discours comme quoi il faut à tout prix que quelqu'un assure ma sécurité et me serve de guide, et puis il me parle de sa femme malade et de ses enfants...Je finis par accepter la proposition, il me raconte qu'il était autrefois guide dans une agence de voyage mais qu'il a démissionner en raison du salaire trop faible.

Nous arrivons enfin au sommet de la colline et il m'amène dans un petit parc ou le point de vue sur la ville est superbe, il m'explique les différent bâtiments que nous apercevons et me raconte un peu l'histoire de la ville, il me parle longtemps du stade qui nous fait face et où le général De Gaulle avait fait un discours en 1963 si je me souviens bien.

La journée fut vraiment très agréable mais épuisante car nous avons presque fait le tour de la ville, je me rends maintenant à la gare routière au nord est de la ville pour prendre mon car de 18 heures. Pas besoin de réservation, avant même que je descende du taxi (j'en pouvais vraiment plus du minibus) plusieurs hommes se précipitent et scandent le nom de leurs compagnie routière, j'en choisis une au hasard et me retrouve dans un vieux car Mercedes de type « Boeing ». Le chauffeur ouvre une soute pour que j'y dépose mon sac et je me retrouve nez à nez avec deux dindons qui se promènent au milieu des autres bagages.

12/08/08

Nous sommes partis vers 20 h, au pays du « Mora-Mora » les cars ne partent pas avant d'être plein, rentabilité et prix de l'essence obligent. Il y a plus de 8 heures de route entre Antananarivo et Tamatave ; je fais pendant quelques temps la conversation avec mon voisin, la petite télé toute devant passe en boucle des clips Malgaches très « kitch » , je me dis que ce trajet risque de paraitre très long mais je suis loin de la réalité...

Il fait déjà nuit depuis longtemps et nous sommes à présent sur d'étroites routes sinueuses et non éclairées en plein milieu de la brousse ; nous venons juste de rattraper un car de la même compagnie qui était parti quelques minutes avant nous, notre chauffeur le double à toute allure en klaxonnant, tout le car se met à rire, un grand jeu un peu fou vient de commencer...

Pendant plus d'une heure les deux chauffeurs vont s'amuser à se doubler au plus grand plaisir des passagers qui trouvent là une bonne distraction. Bientôt ce sont de véritables applaudissement et acclamations de joie qui les encouragent dans les deux cars. Il n'y a plus de limites ; les gros cars Mercedes commencent à se doubler dans les virages, à la montée comme à la descente, les chauffeurs connaissent la route par cœur et conduiraient les yeux fermés, c'est d'ailleurs ce qu'ils vont faire, ou presque...

On vient en effet de passer à un niveau supérieur, les deux cars se suivent et le premier éteint ses feux, notre chauffeur fait immédiatement de même, c'est le nouveau « jeu », le premier qui rallume ses feux a perdu...Ca devient un peu du suicide, finalement le premier car prend de l'avance et nous sème après avoir rallumé ses feux, nous ne le reverrons plus.

Le car est redevenu silencieux quant quelqu'un dans le fond se met à crier quelque chose en malgache, aussitôt le chauffeur freine et stoppe sur le bord de la route, tout le monde commence à se lever et à se précipiter sur les portes, je demande rapidement à quelqu'un ce qui se passe : « le moteur est en feux, ça doit être une fuite d'huile, il vaut mieux qu'on descende ». Dehors tout le monde court pour s'éloigner du car c'est la panique général, je me retourne à une vingtaine de mètres et aperçoit une immense colonne de fumée blanche et des flammes de plusieurs mètres de haut qui jaillissent de l'arrière du bus et s'élèvent dans la nuit. Certaines personnes courent dans le fossé pour ramasser du sable humide et le jettent sur le feu, je vois des personnes sortir de la forêt à moitiés nus avec des couvertures, ce sont des gens qui habitent sur le bord de la route dans de petites cabanes en bois et qui viennent aider à éteindre l'incendie.

Finalement au bout de quelques minutes le feu est éteint, les quelques rares voitures qui passaient par là se sont arrêtées et amènent de petits extincteurs au cas où. Des personnes essayent déjà de se faire prendre dans des voitures de particuliers, cette situation est assez incroyable : il est 11 heure du soir et nous sommes une soixantaine de personnes échouées au bord d'une petite route perdue dans la brousse à coté d'un car qui vient de nous lâcher et il commence à pleuvoir. Cette situation me fait presque sourire tellement elle me parait romanesque, je me sens un peu comme Robinson Crusoé qui vient d'échouer loin de tout et de tout le monde, mais d'autres, qui ont des affaires importantes à faire, tôt le lendemain matin ; à Tamatave ne rigolent pas du tout. Je pense soudain à mon sac qui, comme beaucoup d'autres, se trouve dans une soute à l'arrière. Si mon sac a brulé mon voyage commence vraiment très mal...mais non, aucun sac n'a de dommages, l'incendie n'a pas duré assez longtemps pour endommager les soutes.

De telles situations créent des liens entre ceux qui les vivent, très vite de petits groupes se forment au bord de la route et chacun y va de son commentaire personnel, je fais ainsi la rencontre de deux étudiants malgaches qui vont à Tamatave voir un ami. Tout le monde, qui applaudissait plus tôt dans la nuit les exploits du chauffeur, se met à présent à critiquer vivement ses excès de vitesse avec ce car trop vieux pour faire la course sur des routes de montagnes, origines probables du surchaufement du moteur qui entraina la fuite d'huile. Quelqu'un se mit encore à crier quelque chose en Malgache, je crains le pire mais il s'agit seulement d'un avertissement comme quoi le chauffeur va tenter de remettre le contact, de nouveau tout le monde recule. Le bus ne démarre pas.

Notre petite société commence à s'organiser sur le bord de la route, des personnes se rendent en amont et en aval pour faire des signaux avec des lampes de poches aux autres véhicules pour leur dire de ralentir, d'autres montent dans des voitures pour aller à la ville la plus proche et ramener un autre car, le téléphone portable ne passe évidement pas au milieu de cette brousse. Petit à petit le groupe du bord de la route diminue car certains cars ont acceptés de faire monter quelques passagers, mais ils devront voyager debout jusqu'à l'arrivée: courage ! plus que cinq heures de route !

Moi je n'ai pas bougé avant longtemps, « les femmes avec des enfants en premier » avait crié un gars, on se croyait un peu dans le naufrage du Titanic.  « L'aventure commence pour toi » me lance en rigolant Karl, un des étudiant Malgache à qui j'avais expliqué ma présence ici. (J'ai remarqué au cours de mon voyage que beaucoup de Malgache se donne un deuxième nom occidental lorsqu'il parle avec un occidental, la plupart du temps c'est un nom un peu américain. Il est vrai que pour un Français il est presque impossible de retenir un nom Malgache, ça sert donc à simplifier les choses).

13/08/08

Il est presque huit heures du matin et nous ne sommes plus qu'une petite dizaine, les personnes qui devaient prévenir d'autres véhicules ne sont jamais revenus. Je dors à l'arrière du car, Karl vient me réveiller et me dit qu'il a trouvé une famille de français qui accepte de nous prendre dans son minibus, lui, son ami et moi.

Nous arrivons à Tamatave vers midi, les français nous invitent à manger dans un petit hôtel-restaurant au bord de la mer, ils sont ici pour visiter la ville puis remonter un peu plus vers le nord avant de rentrer à Mayotte, là ou ils vivent. Le grand-père qui connait très bien le pays pour y avoir vécu plusieurs années me donnent des contacts et me fait la liste de ce que je dois à tout prix visiter dans la ville et le long de la côte Est.

Nous nous séparons vers les deux heures et je décide de prendre un bungalow dans l'hôtel ou nous avons mangé, l'hôtel Myriada, c'est la première fois que je dors à l'hôtel depuis que je suis arrivé, les prix sont vraiment très abordable: environ 10 000 ars la nuit (moins de 4 euros) pour un bungalow avec vue sur l'océan. L'hôtel est vraiment superbe et fait très authentique, les chambres sont de petits bungalows avec des toits de chaume et sont disposés en ligne face à l'océan

Je me couche immédiatement pour rattraper tout le sommeil de la nuit inoubliable que je viens de passer...

14/08/08

Je me réveille très tôt et c'est parti pour un petit tour sur la plage avant de prendre le petit déjeuner, l'hôtel Myriada est un peu à l'écart du centre ville mais de la plage je peux apercevoir quelques grands immeubles au loin et surtout le grand port tout là-bas, le principal du pays, de gros cargos y accostent, ils repartent les cales chargées d'épices, de vanilles , de café etc.

L'océan indien est magnifique, ma seule envie est de piquer une tête au milieu des rouleaux, hélas il est aussi plein de requins, en particulier ici à cause des abattoirs de la ville qui s'y déversent.

La journée est chargée, je dois rencontrer un contact qui est lapidaire et tient une petite boutique vers le marché, ce lapidaire m'intéresse particulièrement car il connait aussi à fond les mines de la région et connait beaucoup de monde qui y travaillent. Je ne résiste pas non plus à la tentation de visiter le centre historique de la ville avec ses vieilles bâtisses de l'époque coloniale, le grand marché avec ses combats de coqs et de faire une promenade en pousse-pousse le long de l'avenue de l'indépendance, principale artère commerciale de la ville. (Presque chaque ville importante de Madagascar possède une avenue de l'indépendance qui est souvent la rue principale)

Je remarque très vite en me promenant dans les rues et en croisant les regards que la ville abrite une communauté asiatique très importante, surtout dans le domaine du commerce. Cette ville est bâtie, comme beaucoup d'autres villes Malgaches, sur un système de rue en quadrillage dans lesquelles circulent de nombreux posse-posse vert, jaunes ou rouges...

J'ai donc rendez-vous avec Dida, finalement la rencontre aura lieu près du port car il m'a dit par téléphone qu'il souhaite à tout prix me montrer son activité la journée. J'arrive un peu en avance car j'aimerais faire quelques pas tout seul sur le port avant l'arrivée de Dida, seulement lui aussi est en avance, je le reconnais grâce à la casquette rouge qu'il porte, lui de son côté n'a eu aucun mal à me repérer, c'est vrai qu'ici comme ailleurs je ne passe pas inaperçu.

Nous passons une superbe après-midi, il me raconte un peu sa vie à Madagascar en retour je lui parle de la France ou il a beaucoup d'ami, notamment Thierry ; une personne rencontrée sur internet et qui m'a mis en contact avec lui. Je lui pose des questions sur son métier et son travail en particulier mais lui veut à tout prix que je lui raconte ma vie en France ainsi que mes études. Comme dans beaucoup d'autres pays pauvres, l'occident reste ici un fantasme, un rêve inaccessible, je suis pour lui comme un extraterrestre, quelqu'un qui a une vie complètement différente de la sienne, nous ne sommes pas dans le même monde, il veut que je lui parle des nouvelles technologies mais il à du mal à me croire quant je lui explique les nombreux progrès de la science, de la médecine, du cinéma etc.

Moi de mon coté j'ai du mal à me représenter comment quelqu'un comme lui arrive à vivre avec un salaire de 30 euros par mois, une famille à élever et un taux d'inflation de 20% par an sur les produits de première nécessité.

Nous continuons nos échanges dans une Pizzeria ou nous prenons le repas de midi, j'entre avec plus de précision dans le sujet qui m'amène à Madagascar, il se met alors à me parler de son activité avec passion, il m'explique qu'il le perçoit comme de l'art, finalement je comprends qu'il n'aimerai rien faire d'autre. Malgré les fortunes qui passent dans ses mains et qu'il manipule, la taille de pierres précieuses ne lui rapporte pas plus que s'il était pécheur ou chauffeur de pousse-pousse. Avant de devenir lapidaire il travaillait au fond même des mines, à l'extraction des pierres, d'où sa grande connaissance du milieu ainsi que de ses difficultés. «  Le grand problème c'est les magouilles financières et bancaires », il me raconte en détail pourquoi les problèmes des banques et leurs instabilités repoussent les investisseurs et empêchent la venue de capitaux pour permettre le développement du secteur, sa fine analyse peut en faît s'appliquer à l'ensemble des économies des pays du tiers monde.

Cette discussion me donne des ailes, je suis en train de réaliser exactement ce que je rêvais de faire, depuis toujours je regardais l'évolution du monde de derrière ma télé, en cet instant je parle à quelqu'un qui vit ces choses au quotidien, qui sait ce que tout cela signifie...

Il n'y a pas de mines à Tamatave, ni dans les environs proches, ça je le savais, je dois descendre encore plus dans le sud pour en trouver. Pour cela Dida me donne des contacts, des endroits où aller et la façon de m'y prendre pour réaliser mon enquête. Il m'indique aussi de petites exploitations non recensées qui appartiennent à des groupes de personnes et non à des entreprises et qui se trouvent proches de certaines villes comme Vatomandry, Mananjary, Mahanoro, Manakara, Antsirabe...Je prends note.

Il est environ 17h30, Dida m'invite à faire une petite promenade sur la plage non loin de là, il a mille questions à me poser, je vois bien que je l'intrigue un peu, il a du mal à comprendre comment un jeune français peu bien venir seul de l'autre bout du monde pour s'intéresser à son pays miséreux et son travail fastidieux, pour lui vivre en France. Le coucher de soleil à lieu vers les 18 h et s'opère à une vitesse incroyable, hélas il est dans nôtre dos et non sur la mer vu que nous nous trouvons sur la côte est.

15/08/08

Je me lève en sachant que cette fin de journée sera encore marquée par de longues heures de transport qui doivent me conduire à Vatomandry, une ville située à une centaine de kilomètres plus au sud. En attendant je suis bien décidé à profiter de ma matinée et mon après-midi en visitant le musée de l'université qui possède une magnifique collection d'objet d'art Malgache, d'artisanat régional de, pierres précieuses et de photographies de Madagascar datant du début du XXème siècle.

Je ne suis pas déçu, malgré la richesse de la collection de ce musée je n'ai dù croiser pas plus de trois autres visiteurs en trois heures. Ce musée est situé dans une de ces anciennes et magnifiques bâtisses de l'époque coloniales, c'est même l'ancienne résidence du gouverneur de la région des années 1940, avec ses murs roses-pourpres délavés et son architecture typique on pourrait presque croire qu'il s'agit d'une ancienne villa romaine.

Dans la fin de l'après midi je me suis rendu à l'alliance française de Tamatave, une sorte de bibliothèque tenue par des bénévoles et qui existe dans la plupart des villes Malgaches importantes. Je voulais m'acheter un ou plusieurs livres pour passer le temps pendant l'attente des départs de bus, plusieurs personnes m'ont prévenu dès le début que les bus Malgaches pour les longs trajets partent officiellement à des heures fixent mais comme il faut en fait attendre que le bus soit plein (pour rentabiliser le trajet ) pour qu'il parte, il n'est pas impossible que le départ soit décalé de trois heures.

Je ne peux cependant pas me permettre de risquer de louper le bus, je me rends donc à la gare routière pour prendre le bus de 18 heures, avec un peu de chance le bus partira avant 19 h et je serai à Vatomandry pour minuit. Finalement le bus partira vers les 22 h (ça aurait pu être pire).

Arrivée à Vatomandry à 1 h du matin et là je me retrouve dans la première petite galère énervante depuis le début de mon voyage... Dès mon arrivée je me rends à l'hôtel le plus proche (l'espace Zaza-robert) avec l'un des pousse-pousse qui attendaient notre arrivée avec impatience. J'ai épuisé ma petite réserve d'argent liquide dans la journée mais il me reste des travelers chèques et ma carte bleue, comme je compte rester plusieurs jours dans cette petite ville je me dis que je pourrai retirer de l'argent le lendemain pour payer l'hôtel et le reste.

Mais voilà...Il fallait bien qu'un accro m'arrive car je viens d'apprendre par mon chauffeur de pousse-pousse que la ville ne possède pas une seule banque ni même un lieu pou échanger mes travlers chèques...Là c'était quand même un peu l'angoisse, la banque la plus proche se trouve dans la ville que je viens de quitter, à Tamatave, à plus de 100 kilomètres de là, de plus je dois continuer dans le sud dans les prochains jours et il est très probable que je ne rencontre pas une seule banque avant très longtemps. Ma seule solution est donc de retourner à Tamatave avec le prochain bus du lendemain matin à 12 h et de tenter de faire l'aller retour Tamatave-Vatomandry dans la journée. Mais avant cela il va me falloir passer la nuit à l'hôtel sans pouvoir la payer, d'ailleurs je n'ai même plus assez de monnaie pour me payer le trajet en bus jusqu'à Tamatave.

C'est donc dans cet état d'esprit que je débarque à « l'espace zaza-robert » et que je réveille la patronne qui somnole au comptoir pour tenter de négocier un arrangement. Après l'explication de mon cas elle se montre très coopérative et me propose d'elle-même de m'avancer l'argent du bus pour me rendre à Tamatave, il est convenu que je laisse mon gros sac à dos à l'hôtel pour ne pas le trainer pendant mon aller-retour et aussi comme gage de garantie que je reviendrai bien payer la nuit que j'aurai passer ici. Finalement tout s'arrange pour le mieux à part peut-être que je vais perdre une journée voire plus si je n'arrive pas à prendre le dernier bus de 18h (qui ne devrai pas partir avant 20h) à Tamatave pour revenir à Vatomandry...Il est presque deux heure et demi et je m'endors immédiatement rien qu'à l'idée de la journée extrêmement pénible qui m'attend le lendemain.

16/08/08

Ma passionnante journée vient de commencer, je suis dans le bus pour Tamatave qui est parti avec deux heures de retard, si ce retard me fait louper le dernier bus du retour du soir même je crois que je vais devenir fou.

Arrivée à 19 h 30, le bus du retour n'est toujours pas parti, petit espoir...je dois me dépêcher de trouver une banque et retirer assez d'argent pour les quinze prochains jours. Mer...., les banques les plus proches se trouvent en centre ville et je ne sais même pas exactement où, pas d'autre solution que de prendre un pousse-pousse et de lui demander d'aller à la plus proche.

Ça y est, il ne me reste plus qu'à revenir au bus en espérant qu'il soit toujours là, heureusement il n'y avait pas la queue au distributeur sinon je me serai mis à croire que le destin était contre moi. Il commence à pleuvoir...Nous retournons à la gare routière au pas de course mais le bus est déjà parti depuis quelques minutes, le prochain est le lendemain à 10h.

C'est donc presque deux journées de perdues car je ne serai pas de retour à Vatomandry avant 16h le lendemain. Je m'en veux terriblement car ce genre d'ânerie aurait pu être évité si je m'étais mieux renseigner sur les services disponibles à Vatomandry, mais avec son statut de ville assez importante je ne m'étais même pas posée la question de savoir si il y avait des banques, on ne m'y reprendra plus...

Il ne reste donc plus qu'à trouver un petit hôtel pas cher et pas trop loin de la gare routière ou je pourrais passer la nuit, mais voilà je passe une demi heure à marcher sous une petite pluie et me rend dans deux petits hôtels qui sont complets. Je me tourne donc vers l'hôtel Finaritra, il est juste en face de la gare routière mais les prix affichés sur mon guide (environ 10 euros la nuit) m'assure qu'il restera de la place. En effet il en reste, tant pis pour le prix qui me fait dépasser mon budget quotidien moyen, je n'avais vraiment plus le goût de courir d'un hôtel à l'autre sous la pluie et dans la nuit.

17/08/08

Arrivée à Vatomandry vers les 16 h, la patronne de « l'espace zaza robert » est contente de me voir revenir car elle m'attendait la veille au soir. Je peux enfin régler mes comptes et je suis même assuré de ne plus manquer de liquide avant une dizaine de jours. Je profite de l'après midi pour visiter la ville principalement développée autour de la rue principale, ça ressemble un peu à ces villes que l'on voit dans les westerns ou il n'y a qu'une seule rue et où toutes les maisons et les commerces sont alignées autour.

Vatomandry est située juste à coté du canal des Pangalanes qui lui-même longe l'océan, ce canal est large d'une trentaine de mètres à cet endroit mais il n'est pas navigable à cause des jacinthes d'eau qui prolifèrent de partout. C'est dommage car j'aurai bien aimé continuer ma route vers le sud en bateau le plus tôt possible mais il semble que je devrais attendre de me trouver à Mahanoro. Je commence quand même à me renseigner, d'après mes informations le canal devrait être praticable à partir de Mahanoro jusqu'à Manakara en cette saison, seulement il faut bien que je calcule mon coup et que je vérifie mes informations car je sais qu'à partir de Mahanoro il n'y à plus de route pour descendre dans le sud, seulement quelques pistes en mauvais états que n'empruntent pas les transports en communs. Bref si je me retrouve à Mahanoro et que pour une raison ou pour une autre je ne peux pas emprunter le canal sur un bateau de marchandises je serai vraiment dans la mouise...

Après un léger souper dans un petit « restaurant » chinois je retourne à l'hôtel, je discute une partie de la soirée dans un petit salon feutré de l'hôtel à l'ambiance très chaleureuse avec un couple de retraités français qui viennent à Madagascar pour la cinquième fois, je leur parle de mon projet comme à chaque fois que je rencontre quelqu'un. Le même étonnement les prend quand je leur annonce mon âge et le fait que je voyage seul, l'homme ne tarit pas d'éloge sur l'expérience que je suis en train de vivre car lui-même est un passionné de voyages et d'aventures, il ne cesse de me répéter la chance que j'ai de faire une telle chose. Ils connaissent d'ailleurs bien la région pour y être déjà venus et me parlent de mines de rubis à quelques kilomètres de là, dans la brousse, celles là même dont m'avait auparavant parlé Dida à Tamatave. Ils m'apprennent que les mines avaient failli fermer il y a quelques années de cela à cause de problèmes qui étaient survenus avec l'armée ou quelque chose comme ça. Je doit avoir un peu de chance dans mes rencontres car la femme ne tarde pas à me parler d'un français du nom de Tanguy qu'ils connaissent un peu, du moins de nom, qui habite dans la ville et qui achètent des pierres dans la région pour les revendre à l'étranger, en un mot un exportateur indépendant. Il habitait près de « l'hôpital des chinois » la dernière fois qu'ils en ont entendu parler, peut-être y est-il encore, de toute manière ils me conseillent de demander à quelqu'un d'ici, qui doit en savoir beaucoup plus long qu'eux sur le sujet. Nous passons le reste de la soirée à parler un peu du pays et de la perception que nous en avons, après quoi je vais me coucher, plutôt satisfait de voir que malgré mon petit contre temps je commence à rassembler un bon paquet d'informations sur le sujet, je ne devrais plus trop tarder à voir de mes propres yeux les fameuses mines après lesquelles je cours depuis maintenant plus d'une semaine.

18/08/08

Réveil tôt, je décide de déjeuner rapidement et de rendre une petite visite à Tanguy, la gérante m'a assuré qu'il était bien encore là et qu'il s'occupait toujours des mêmes affaires. Je prépare donc une série de questions à lui poser et je me rend à la maison que l'on m'a indiqué près de « l'hôpital des chinois », une sorte de grand bâtiment ou des médecins chinois soignent à l'aide des plantes, ici comme ailleurs la communauté asiatique est très présente, cela est encore plus vrai pour les villes situées sur la côte est.

J'arrive devant une grande et jolie maison, il n'y à pas de doutes possibles c'est bien ici. Un chien aboie derrière le portail, un homme d'une carrure impressionnante arrive assez rapidement. Je me présente et explique la raison de ma visite, Tanguy à l'air intéressé par ce que je lui raconte et souhaite me donner quelques informations et un coup de main dans mon projet, malheureusement il n'est pas disponible dans l'immédiat et me demande donc de repasser en fin d'après midi vers les 17h.

J'ai donc du temps libre devant moi et me rends sur le marché non loin de là. Les marchés Malgaches sont assez originaux, je dirai qu'ils sont à mi-chemin entre le marché que l'on peut trouver en France c'est-à-dire avec des bouchers, des agriculteurs venant vendre leurs produits etc. et le souk que l'on peut trouver au Maghreb avec des personnes qui vendent de tout et de n'importe quoi, de la lampe de poche au petit souvenir en passant par des tapis...L'hygiène y est assez précaire c'est vrai, mais le charme n'en reste pas moins très attirant, il suffit juste de bien fermer ses poches et d'avoir assez de patience et de calme pour répéter une dizaine de fois à chaque commerçant « non merci ». Nous sommes le lundi, c'est donc le jour des combats de coqs...

Impressionnant, je ne suis pas très habitué à ce genre de spectacle. Le combat de coq est pour ces populations ce que le match de foot est en France, un divertissement comme un autre que l'on va voir seul ou en famille sur le stade du quartier. En plus d'être un divertissement avec de multiples rebondissements il s'agit aussi d'un jeu de pari. J'assiste donc à une de ces scènes ou une cinquantaine de personnes hommes, femmes et enfants se massent en cercle autour des deux pauvres bestioles en criant, en rigolant, et en encourageant leur champion tout en se passant des billets de mains en mains. L'ambiance est survoltée, le spectacle est quand même un peu choquant la première fois que l'on y assiste, voire même repoussant, cependant l'euphorie générale et le suspense de l'issue du combat ainsi que son importance créée par l'argent en jeu fait que l'on ne peut partir comme ça. Je reste donc quelque temps, presque fasciné, voilà bien une chose que je ne verrai jamais en France et que l'on ne peut trouver que dans des pays comme Madagascar, dans des endroits où il existe encore une culture ancienne et indémodable qui se perpétue de façon régulière.

Je retourne chez Tanguy, il m'attendait à présent. Il me parle rapidement de son métier, je comprends assez vite qu'il ne souhaite pas trop s'y attarder dessus, en effet les Malgaches (et la plupart des gens en général) voient globalement d'un mauvais œil le métier de Tanguy, surtout lorsqu'il est fait par un « vazaha » (étranger). C'est vrai que Tanguy est en quelques sorte la représentation parfaite de ce que beaucoup de Malgaches considèrent comme le mal de leurs pays, à savoir l'achat sur place de produits à bon marché pour les revendre à prix d'or en occident, cela est d'ailleurs vrai pour les pierres précieuses mais aussi pour les épices ou encore la vanille, cette façon de faire du commerce handicape gravement Madagascar et ralentit beaucoup son développement depuis des décennies. Tanguy s'est mit à me poser plein de question pour comprendre ce que je faisais là et ce que je voulais exactement savoir. C'était simple, son activité propre ne m'intéressant pas beaucoup pour mon projet, je veux surtout savoir de quelle manière il me serai possible d'accéder aux mines situées dans la brousse non loin de là. Je lui explique que bien entendu je ne viens pas lui demander le chemin pour m'y rendre seul, mais plutôt des personnes avec qui y aller. Immédiatement il me parle de deux ou trois Malgaches qui seraient ravi de m'y emmener et même de me servir de guide pour la journée contre une petite compensation, c'est parfait, cela me convient très bien et décidément les rencontres que je fais sont des plus enrichissantes pour mon projet. J'ai un peu l'impression que tout fonctionne comme ça ici, si on a besoin de quelque chose il suffit de demander aide ou conseils, ça me rassure car une partie non négligeable de mon voyage repose sur une sorte d'improvisation et sur les rencontres de hasard.

Tanguy me donne quelques conseils si je peux me rendre vers les mines de rubis, il me dit qu'il n'y aura aucun problème de sécurité ou de quoi que ce soit étant donné qu'il s'agit d'exploitations artisanales qui appartiennent à quelques personnes qui cultivent des rizières et cherchent des rubis pour améliorer leurs quotidien, rarement avec succès.

Je rentre à l'hôtel, Tanguy doit téléphoner à des amis pour savoir si l'un d'eux est intéressé pour me servir de guide le lendemain ; il téléphonera ensuite dans la soirée à l'hôtel pour me donner une réponse.

Je vais m'assoir à la petite terrasse de l'hôtel qui donne sur les Pangalanes en attendant anxieusement le coup de fil. Vers les deux heures un des employés vient me chercher en me disant que quelqu'un me demande au téléphone. C'est Tanguy, c'est bon, il m'a trouvé quelqu'un qui accepte de me servir de guide pour la journée du lendemain, cerise sur le gâteau cette personne peut se procurer un petit quatre-quatre qui nous y emmènera donc en moins d'un quart d'heure de route. Je suis aux anges, la journée promet d'être géniale, rendez-vous est pris pour le lendemain matin à 9 heures devant chez Tanguy.

19/08/08

Mon petit réveil de poche sonne à 8 heures, petit déjeuner rapide est en route. J‘arrive au rendez vous avec dix minutes d'avance, quelques instants après un petit quatre-quatre approche, j'ai plutôt l'impression qu'il s'agit d'un vieux panda quatre-quatre toute bricolée, le sens de la débrouille des Malgaches est surprenant, surtout en mécanique auto.

L'homme s'appelle Roger (du moins c'est son nom français), il a emprunté la voiture à son frère, il connait peu les mines mais sait très bien où elles sont et comment s'y rendre. Il accepte de m'y emmener, de me servir de guide-traducteur et de me ramener le soir pour 50000 ariarys (20 euros). Ça peut paraître pas trop cher mais il s'agit ici d'une petite fortune, je négocie quand même un peu pour ne pas dépasser de trop mon budget et nous nous mettons d'accord sur 35000 ariars (14 euros).

Nous partons immédiatement, la «route» est quant même peu longue, il s'agit plutôt d'une petite piste mal entretenue et la Panda a un peu du mal au milieu des bosses et des nids de poules. Nous arrivons donc au bout d'une demi-heure au milieu de quelques petites maisons perdues au milieu de nulle part et entourées de rizières. Les premières mines sont justes à côté, je peux les apercevoir de l'intérieur de la voiture, des personnes commencent à se rassembler, ma présence ne passe pas inaperçue, un vieil homme me souhaite la bienvenue, dans les coins reculés seules les personnes âgées parlent encore français, vestige de l'époque coloniale. Quelques autres hommes le comprennent un peu cependant.

J'essaye d'expliquer mon cas mais très vite j'ai besoin de l'aide de Roger, les Malgaches ne comprennent pas trop ce que je fais là, ils pensent même que je suis un journaliste. Après quelques minutes de discussion ils comprennent, la journée fut extraordinaire (voir le rapport)

20/08/08

Je me réveille assez tôt, exténué par la journée de la veille, aujourd'hui encore je dois faire un long trajet pour rejoindre une ville un peu plus au sud qui s'appelle Mahanoro. Mon projet avance bien, j'ai enfin pu me rendre sur les lieux d'une mine mais il me reste encore beaucoup à faire. Après de chaleureux au revoir avec la gérante de «l'espace zaza-robert» je me rends à la gare routière ou m'attend encore un long voyage en bus.

C'est donc reparti pour cinq heures sur de petites routes sinueuses au milieu de la brousse. Cette ville est le point d'arrivée des excursions sur les Pangalanes en provenance de Mananjarry. La route pour s'y rendre, bien que longue et très belle, le gouvernement actuel a lancé de nombreux travaux pour les rénover, nous pouvons donc voir sur le bord des centaines d'hommes qui plantent de petits arbres et creusent la terre des collines pour former de petites aires de repos.

À mon arrivée je suis ravi car je sais que c'est la dernière fois que je prends le bus pour descendre dans le sud désormais le reste de mon voyage dans cette direction se fera en bateau. Je compte bien embarquer dans les jours à venir sur un petit bateau transportant des céréales, de la vanille afin de descendre en quelques jours toute la côte Est à moindre frais. En attendant je dois aussi rencontrer une personne dans cette petite ville, il s'agit d'Augustin, encore une personne que Thierry m'a conseillé de rencontrer, lui aussi connaît bien les mines, pour y avoir travaillé de nombreuses années.

Mahanoro et une petite ville charmante située juste entre l'océan indien et le canal des Pangalanes qui descend dans le sud, elle est cependant un peu coupée du monde, car les seuls moyens d'y accéder sont la route venant de Vatomandry et le canal venant du sud. Comme le soleil commence à se coucher je décide donc de me rendre à l'hôtel Tropicana, ce petit hôtel est magnifique il s'agit en fait de plusieurs petits bungalows disposés le long de la plage, je sens que je vais me plaire dans ce lieu paradisiaque.

Il est environ 18h00 et je décide de faire un petit tour sur la plage, il y a encore de nombreux pêcheurs qui lancent et ramènent leurs filets depuis le début de journée. Je les observe pendant quelques minutes, inlassablement ils suivent leurs filets qui dérivent au rythme des vagues, puis, les remontent au bout de quelques minutes pour voir si leur petite pêche a été fructueuse. En passant devant moi l'un d'eux s'arrête et nous commençons à discuter, il me parle un peu de son métier et de ce qu'il lui rapporte, lui ne touche que 5000 ariars par jour (environ 2 €), il me dit que s'il avait un peu plus d'argent il pourrait se payer une de ces petites pirogues, creusée dans un tronc d'arbre comme on en voit un peu plus loin couchée sur la plage. Il est vraiment très facile d'avoir une conversation avec les malgaches, les guides touristiques ne mentent pas lorsqu'ils disent que ce sont des gens adorables. C'est d'ailleurs avec les plus miséreux que le contact est le plus facile, ils veulent tous savoir comment se passe ma vie en France. Celui–ci commence même à me parler de la pollution de l'océan et du fait qu'il y a de moins en moins de poissons proches des côtes, il fait ce métier depuis qu'il a 14 ans mais jamais il n'est monté sur un vrai bateau, un chalutier, comme on peut en voir parfois à l'horizon. A présent il commence à faire vraiment nuit, nous nous séparons et je rentre dans mon bungalow à quelques mètres de là.

21/08/08

Sept journées sera consacrée à la visite de la ville et à la rencontre que je dois avoir avec Augustin. Thierry m'a dit qu'il habite près du canal au bout de la rue marchande, il me suffisait simplement de demander son nom et l'on m'indiquerait sa maison.

C'est donc exactement ce que je fis, je trouve Augustin dans une petite maison en bois avec un toit de chaume, j'ai un peu du mal à lui expliquer que je connais Thierry et que c'est lui qui m'a dit où il habite et qu'il pouvait m'aider dans mon projet. Je n'ai aucun mal à comprendre son étonnement, il ne doit pas avoir l'habitude de voir des blancs de près, et là un français vient lui dire qu'il le connaît indirectement. Sa maison est la plus modeste dans laquelle je suis rentré jusqu'à présent, il s'agit tout au plus d'une petite case d'une trentaine de mètres carrés avec dans un coin un lit, dans un autre une table, et un poil.

Donc, après quelques minutes de confusion-il comprendre ce que je lui veux, augustin parle assez mal le français comme une bonne partie des malgaches mais le comprend très bien. Sa première réaction quand il comprend que je connais Thierri est de m'inviter à manger. Le repas est très modeste, un peu de riz dans un bol et de la viande de zébu cuite dans un bouillon, cependant c'est vraiment délicieux.

Après avoir longtemps parlé des mines, je me mis à lui poser quelques questions à propos du canal des Pangalanes, Augustin habite juste à côté de l'endroit d'où partent les bateaux. Il m'explique que le lendemain un bateau plein de céréales part pour Mananjary, il est de coutume que pour arrondir leurs fins de mois, les hommes qui conduisent le bateau acceptent de prendre des passagers à bord pour une modique somme, il me sera donc normalement possible de monter à bord et de passer trois jours à bord au milieu des sacs, le temps de rejoindre Mananjary.

Je rentre à l'hôtel Tropicana vers les deux heures de l'après-midi, je suis quand même un peu soulagé d'être à présent sûr que des bateaux partent bien régulièrement vers le sud. Je décide de retourner faire un tour sur la plage pour y revoir les pêcheurs de la veille, je retrouve d'ailleurs celui avec qui j'avais un petit peu discuté, il me reconnaît immédiatement et m'accueille avec un grand sourire. Je vais alors passer une soirée complètement incroyable, le vieux pêcheur me propose d'essayer de pécher avec son filet. Ça ne paraît pas très difficile, il suffit d'enlever ses chaussures, de remonter un peu son short, d'avancer dans l'eau jusqu'aux genoux et enfin de jeter le filet. Je n'ai plus qu'à le laisser dériver tout en le suivant et en le tenant. Je ramène le filet au d'environ 10 minutes, j'ai parcouru une centaine de mètres. La pêche n'est pas très bonne, on ne peut attraper que des petits poissons sur les bords de la plage et ils ne sont pas très nombreux. Je n'oublierai jamais cette soirée unique, c'est en plus la première fois de ma vie que je pêche avec un filet dans l'océan.

Il est bientôt 18h00, et il commence à faire nuit, je dis donc au revoir au pêcheur car je m'en vais demain matin, mon « bateau » part à 7h00.

22/08/08

Je n'ai pas de réveil, j'ai donc dit à la dame de l'accueil de me réveiller pour 6h15, ça ne lui pose aucun problème car elle se lève vers les cinq heures. La ville n'est pas très grande, il me faudra moins de 10 minutes pour me rendre au quai d'embarcation, où sont chargées toutes les marchandises dans les bateaux ainsi que les passagers. Je prends un rapide petit déjeuner et l'homme qui s'occupe des repas, lui aussi déjà levé, me prépare des sandwichs pour le voyage.

J'arrive au quai à 6h50, même si je sais que le bateau risque de ne pas partir avant 9h. Je commence à me renseigner sur la destination de celui qui est en train d'être chargé, il se rend à Nosy-varika, un peu avant Manakara, ma ville de destination. On m'assure cependant qu'une fois à Nosy-varika je pourrai prendre un autre bateau pour Manakara. Je suis quand même bien embêter, sinon on me dit que je peux prendre celui qui part le lendemain vers les 10 h et qui, lui, va directement à Manakara .Je décide de ne pas perdre plus de temps et de prendre celui-ci, de plus cette information concernant le bateau du lendemain n'est peut-être pas non plus très exacte, comme celle que m'avait donné Augustin à propos de celui-ci qui, selon lui allait directement à Manakara.

Bref... Je me décide à le prendre. A la base ce n'est pas du tout un bateau pour amener des gens d'une ville à une autre, c'est en fait un bateau de transport de marchandises. Ces bateaux qui circulent sur le canal ressemblent à de petites péniches, ils font une vingtaine de mètres de longueur pour quatre ou cinq de largeur et sont plein à craquer de sacs de riz, de farine, d'épices, de café etc. Les passagers ne sont bien sûr pas déclarés car il ne s'agit pas là d'une compagnie de transport. C'est en fait un petit business que font les équipages de ces bateaux pour arrondir leurs fins de mois, voire pour doubler leurs salaires. Lors du chargement, un petit espace est aménagé dans l'arrière du bateau pour qu'une dizaine de personnes puissent s'y installer. Ces bateaux ont l'inconvénient pour les passagers de posséder un toit fait de toles, et donc, une fois le bateau plein, il ne reste qu'un espace d'une cinquantaine de centimètre entre les sacs et le toit pour les passagers. Je réussi quand même à me glisser à l'intérieur avec l'aide d'une ou deux personnes qui me prennent mon sac. Le prix pour aller jusqu'à Nosy-varika est de 2500 ariars (1 euro), au début j'ai eu un peu du mal à y croire, c'est le prix d'un transport qui durera trois jours et deux nuits et en plus nous aurons droit à une assiette de riz avec des morceaux de zébu midi et soir...en gros je ne vais quasiment rien dépenser pendant les trois prochain jours.

Le bateau part finalement vers 8h30, nous sommes allongés à l'arrière, là ou il y a un peu moins de sacs pour que nous puissions avoir un peu de place. Un homme un peu fort commence à me parler, c'est un des rares avec une étudiante asiatique à connaitre le français dans ce bateau. Il faut dire que les personnes à bord font parti des miséreux de Madagascar pour la plupart, ce système de transport parallèle pour descendre dans le sud a été mis en place pour eux, les personnes avec plus de moyens prennent les bateaux appartenant à des compagnies plus officielles...mais là les prix sont plus autour des 80 000 ariars (30 euros) pour aller jusqu'à Nosy-varika.

C'est donc parti pour trois jours allongé sur ce bateau en ayant une halte toutes les 5 ou 6 heures pour nous défouler un petit peu les jambes...C'est du moins un peu l'état d'esprit dans lequel je suis ce matin quand nous partons, mais je m'y suis très vite fait.

En fait je suis vraiment bien sur ce bateau, il fait beau, bien qu'un peu frais, le canal est vraiment superbe et nous sommes en train de jouer aux cartes au fil de l'eau...Là ou je suis déçu c'est que je pensais que nous nous arrêterions le soir à partir des 18h car la plupart des chauffeurs sont incapables de conduire la nuit sur le canal. Hélas les deux nôtres, qui se relayent environ toutes les trois heures sont de vrai professionnels et peuvent y conduire la nuit, d'après ce qu'on m'a dit...adieu donc les visites de petits villages le long du canal.

Ça doit faire bientôt trois heures que nous sommes partis et nous arrivons à un endroit ou le canal se rétrécit avant de déboucher sur un lac. Des petites maisons sont disposées de part et d'autre du canal à cet endroit, le bateau se range alors sur un des cotés et nous descendons, je demande à une personne pourquoi on nous fait descendre et elle m'explique que c'est pour alléger le bateau car à cet endroit du canal il y a beaucoup de sable. Nous commençons à marcher pour rejoindre un endroit un peu plus loin où le bateau pourra nous reprendre. Au bout d'une heure d'attente nous commençons à nous poser des questions et petit à petit tout le monde retourne à l'endroit où nous avons débarqué, là nous voyons le bateau en plein milieu du canal avec une vingtaine d'hommes, de l'eau jusqu'au ventre, qui essayent de le pousser pour le sortir des fonds sableux. Au bout d'une autre heure d'infructueux essais les hommes commencent à décharger le bateau et à entasser les sacs sur la berge. Enfin une fois l'opération terminée le bateau put être déplacé sans problème et rechargé puis nous sommes remontés dedans et sommes repartis.

Dans le milieu de l'après midi je fus réveillé par le monsieur à coté de moi qui était en train de crier à un autre bateau qui nous rattrapait, j'essaye de comprendre ce qui se passe puis soudain l'homme se tourne vers moi et me dit avec un grand sourire « ce bateau va directement à Manakara, monsieur, il accepte de vous prendre pour 10 000 ariars (4 euros) »

Quand les gens qui sont allés à Madagascar où les guides touristiques vous parlent de la gentillesse des malgaches et bien ils n'exagèrent pas...Les deux bateaux ont dû manœuvrer pendant près d'un quart d'heure pour se coller à la berge afin que je puisse descendre du premier pour aller dans le second, les gens qui voyageaient avec moi en on profiter pour se défouler un peu les jambes. Le « capitaine » du second bateau, ou plutôt le chef du petit équipage de 5 personnes est venu aider à descendre mon sac sur la berge, il m'a ensuite serrer chaleureusement la main avec un grand sourire. Après une dizaine de minutes et quelques au-revoir le bateau de transport de fret redémarre et part devant. Le bateau dans lequel je viens d'être transférer est magnifique, il s'agit de ce genre de petits bateaux pour les touristes, pour les emmener faire une petite ballade sur le canal pour deux ou trois heures, il possède une grande table sur presque toute sa longueur avec un espèce de canapé qui fait tout le tour, et sur l'avant il y a un petit escalier qui permet de monter sur la terrasse du dessus. J'ai l'impression qu'il est tout neuf car la peinture est impeccable.

Après m'être confortablement installé sur les prières du « capitaine » le bateau redémarre, il file sur l'eau beaucoup plus vite que le précédent car il n'a presqu'aucun chargement. Le « capitaine » vient s'assoir à coté de moi, il doit avoir près de la cinquantaine, ce qui est pas mal dans ce pays et fait de lui le plus âgé de l'équipage, mais il parait facilement avoir plus de 60 ans, il m'a immédiatement fait pensé au capitaine Cousteau à cause de son bonnet rouge. Je me souviens très bien de la première question qu'il m'a posée : « vous avez des sudoku ? ». Non je n'en avais pas, ce fut le début d'une très longue conversation et série de questions.

Le soir, vers les 18 heures on devra s'arrêter dans une sorte de petit village sur la berge du canal pour souper et y dormir, il m'explique que le chauffeur du bateau est un débutant et qu'il ne connaît pas encore assez le canal pour y conduire la nuit, il me parle ensuite du chauffeur de l'autre bateau qu'il connait très bien et qu'il considère comme le meilleur chauffeur de bateau de tout le canal. Je lui demande enfin d'où ils viennent comme ça avec ce bateau tout neuf et pourquoi ne transportent-ils personne? Ce bateau était en fait à Mahanoro depuis plus d'une semaine pour y être repeint et pour une révision du moteur, ils le ramènent à présent à Manakara pour faire faire aux touristes des petites balades de deux ou trois heures sur le canal.

Nous doublons le premier bateau dans lequel j'étais et tout le monde se met à faire des grand signes de la main, un des membres de l'équipage de celui dans lequel je suis à présent met en marche l'impressionnante sono installée sur le bateau, les deux énormes enceinte se mettent à cracher un des tubes à la mode. Il commence à faire nuit.

Nous arrivons dans un petit endroit dont j'ai oublié le nom, il s'agit juste d'un hôtel de plusieurs bungalows et une ou deux maisons, l'endroit est magnifique. Tout l'équipage mange et dort dans le bateau, le capitaine avec qui j'ai discuté toute l'après-midi va se renseigner pour connaitre les prix du repas et de la nuit. A peine 7000 ariars les deux (moins de 3 euros). Peu de temps après mon premier bateau arrive mais c'est juste pour faire le plein de riz et il repart.

23/08/08

Le « capitaine » vient me réveiller à 5 heures du matin, il faut partir dès qu'il fait un tout petit peu jour pour faire le plus de route possible vu que le chauffeur ne sait pas conduire la nuit. Nous repartons donc dans l'aube fraiche au milieu d'un petit brouillard. « Y'fra beau » me lance le « capitaine », « c'est bon signe ce petit brouillard ».

Après trois ou quatre heures de route où j'ai dormi sur la banquette, un des membres du petit équipage, le cuisinier je crois, me réveille et me dit en rigolant dans une sorte de patois français de regarder là-bas.

J'aperçois alors mon bateau de la veille coincé au milieu du canal par je ne sais quoi, sûrement des branches d'arbres, et sur les côtés cinq ou six hommes du bateau dans l'eau en train d'essayer de le dégagé.

Nous nous approchons, ils sont coincés ici depuis bientôt trois heures et ils n'arrivent pas à se dégager, je pensais qu'on allait leurs donner un coup de main mais le « capitaine » m'explique que nous devons arriver à Nosy-varika avant la nuit et que donc nous ne pouvons pas nous attarder ici. Nous continuons nôtre route, nous arrivons à présent devant une grande étendue d'eau, le capitaine m'explique qu'il y a cinq grands lacs sur le canal des Pangalanes, nous sommes en train de passer le deuxième (le premier était juste après l'endroit ou nous nous somme bloqués avec l'autre bateau). Il vint ensuite me voir alors que j'étais sur la petite terrasse en train de prendre le soleil, « des gens m'ont dit des choses mais j'ai un peu du mal à y croire, il parait qu'en Europe il y a des bateaux qui passent des montagnes », je me m'y alors à lui expliquer le système des écluses. Il me parla aussi de la politique à Madagascar et du président qu'il voyait comme un dictateur ; du canal des Pangalanes, il m'apprit qu'il avait été creusé en bonne partie, à part la partie des lacs, à l'époque coloniale française par les malgaches qui devait travailler 40 jours gratuits par an pour l'état.

Arrivée à Nosy-varika, petite visite de la ville, dodo et départ à 5 heures le lendemain.

24/08/08

Les deux jours suivants, avant l'arrivée à Manakara, se sont passés sans problème. Nous n'avons cependant pas réussi à rejoindre dans les temps le petit village ou nous devions accoster le 24 au soir, j'ai donc dormi dans le bateau, à la belle étoile avec le reste de l'équipage cette nuit là. L'arrivée à Manakara se fit en fin dans l'après midi du 25.

Le « capitaine » me laissa son adresse pour garder une correspondance et m'en donna plusieurs autres où me rendre (hôtels, petits restaurants...) dans Manakara et les villes où je passerai.

26/08/08

Manakara est une des villes les plus touristiques de l'île, elle est particulièrement connue pour ses nombreux pousses-pousses de toutes les couleurs qui sont réputés dans tout le pays et jusqu'à l'étranger, je passe ma matinée à me ballader dans les avenues bordées d'arbres au milieu des vieilles bâtisses. Cette ville a vraiment quelque chose de paisible et d'accueillant. C'est aussi le point de départ (ou d'arrivée) du « train des falaises ». Ce train qui relit Manakara à Fianarantsoa est une véritable attraction touristique, Il faut savoir que Manakara est au bord de l'océan donc à une altitude de 0 et que Fianarantsoa est à plus de1 250 mètres d'altitude sur les plateaux. Il met environ 12 heures pour parcourir les quelques 150 kilomètres qui séparent les deux villes en s'arrêtant dans une vingtaine de villages. Manakara est aussi une ville très intéressante pour mon projet car elle est entourée par plusieurs mines d'émeraudes. Je me rends d'ailleurs l'après-midi même à l'office du tourisme pour me renseigner sur d'éventuelles visites sur les lieux. J'apprends alors que des visites sont organisées le jeudi et le vendredi, hélas nous ne sommes que mardi, je demande quant même s'il n'y a pas un moyen d'y aller avec un guide en dehors des jours de visites mais on me répond que cela est totalement impossible. Je me renseigne dans le même temps pour les jours de départ du train de Manakara pour Fianarantsoa, étant donné qu'il n'y a qu'un seul train il fait constamment des allers-retours entre les deux villes excepté le dimanche, je pourrai donc le prendre au plus tôt le samedi puisque jeudi je serai toute la journée aux mines d'émeraudes. Je prends mon billet à l'instant même pour ne pas avoir à faire la queue le jour du départ. Le vendeur me conseille de prendre un billet de première classe car les secondes classes sont surpeuplées, le prix est assez différent entre les deux mais il m'assure que c'est le seul moyen si je ne veux pas rester 12 heures debout.

27/08/08

Manakara possède de nombreuses bijouteries « artisanales » et aussi beaucoup de lapidaireries, je décide donc de passer ma matinée et une partie de l'après midi à en faire un peu le tour pour recueillir quelques témoignages, je sais qu'il est assez difficile d'intéresser les vendeurs et les lapidaires quant on ne veut rien leurs acheter mais je tente quand même le coup. Mr Pogorselski, le lapidaire que j'ai rencontré au tout début de mon voyage, m'a mis en garde contre ces lapidaires ou bijoutier artisans car ce sont aussi assez souvent des faussaires qui essayent de vendre tout et n'importe quoi aux touristes, par exemple des bouts de verres fondus ou des cailloux colorés sans valeurs, mais pas de danger je ne suis pas venu ici pour acheter des pierres mais pour connaître leurs parcours.

J'ai bien dû entré dans une quinzaine de bijouteries, la plupart font aussi lapidaireries, ce sont souvent toute une famille qui y travaillent, le père taille les pierres parfois avec les enfants et la mère tient le comptoir, il est assez facile d'en visiter plusieurs en peu de temps car elles sont dans la plupart toutes dans la même rue. Je n'ai cependant pu avoir un entretient que dans trois boutiques dont une famille qui m'a invité à manger chez eux à midi.

Ma journée aura été bien remplie car je quitte la dernière bijouterie à 18 heures avec un carnet de notes bien plein.

28/08/08

Je me lève de bonne heure et me rend rapidement près de la gare où a lieu le rendez-vous et le départ pour les mines à une dizaine de kilomètres de là. Je ne suis pas surpris de voir seulement des « vazahas », surtout des français et quelques allemands. Je reconnais un monsieur avec qui j'avais échangé quelques mots lors de mon arrivée à l'hôtel «  les Flamboyants » le 25 au soir. Il n'y avait pas de réservation pour cette visite, comme pour toutes choses ici le bus ne part que lorsqu'il est plein ou presque, heureusement c'était un petit bus qui nous attendait et nous l'avons rapidement rempli au trois quart. Je suis assez content d'avoir trouvé cette visite même si elle comprend de nombreux inconvénients, je ne sais pas trop encore ce qui m'attend mais je me doute bien qu'elle ne me permettra pas de faire ce que je veux, de plus le prix est assez élevé, même pour un européen, les petites agences qui composent ces petites escapades savent bien qu'il n'y aura que des touristes étrangers et en profitent largement pour fixer des prix exorbitants par rapport aux coûts. Notre bus est assez bizarre, je l'avais déjà remarqué à mon arrivée, en fait j'ai l'impression qu'il a été surélevé et équipé de pneus tout terrain, c'est vrai que nous ne tardons pas à emprunter des routes complètements défoncées puis des pistes non goudronnées

Nous arrivons au bout de plus d'une demi-heure de route, nous ne sommes qu'à une dizaine de kilomètres de Manakara mais on est déjà en pleine brousse. Le bus s'arrête au milieu d'un village où nous sommes attendus par deux guides, un qui parle le français et l'anglais et l'autre le français et l'allemand. J'ai toujours été surpris du niveau de langues des habitants des pays pauvres et de leurs facilités à en apprendre une nouvelle, déjà lorsque j'étais allé en Inde et en Tunisie j'avais rencontré des personnes dans le domaine touristique où étant guides parlant couramment trois ou quatre langues sans jamais avoir suivi des études dans ce domaine, je pensais alors à mon niveau médiocre d'anglais et d'allemand au bout de plusieurs années d'études.

Les guides se présentent avec un grand sourire et nous souhaitent la bienvenue, il est environ 9 heures, ils nous expliquent rapidement le programme de la journée : visite des mines d'émeraude jusqu'à 13 heures, repas et visite d'un atelier de lapidairerie avec démonstration pour l'après midi, sans oublier un petit passage à la boutique, fin de l'escapade vers les 17 heures.

Comme je m'en étais un peu douté nous ne sommes pas sortis des sentiers battus et je n'ai pas pu poser quelques questions directement à des mineurs, mais la visite fut tout de même très intéressante car elle montrait (peut-être quant même de manière un peu rapide) l'ensemble du processus de l'extraction de l'émeraude jusqu'à la pierre taillée et montée sur un bijou.

La journée fut aussi l'occasion de faire quelques rencontres notamment avec un jeune couple marseillais arrivé la veille et qui habitait le même hôtel que moi, il fut d'ailleurs convenu que nous dinerions ensemble le soir dans le petit restaurant au bas de l'hôtel et avec le monsieur voyageant lui aussi seul à qui j'avais déjà un peu parlé et qui s'appelle Gilbert.

Nous devions être rentrés pour 18 heures environ à Manakara, c'est-à-dire avant qu'il ne fasse complètement nuit, hélas le bus eut un petit problème de moteur sans gravité mais qui nous fit tout de même perdre près d'une heure.

La soirée fut très agréable malgré une légère pluie, une des première depuis mon arrivée à Madagascar. Chacun raconta en détail ce qu'il avait fait depuis son arrivée dans ce pays, ses impressions etc. J'étais ainsi le seul à venir de la côte est et à remonter à présent vers la capitale en prenant le train des falaises, tous les autres venaient en fait de Fort Dauphin, une ville plus au sud, après avoir descendu la côte ouest et vu, par exemple, les baobabs qui ne se trouvent que dans cette région du pays et un peu sur les plateaux dans le nord. J'aurais beaucoup aimé en voir moi aussi mais hélas il n'y en a aucun sur la côte est et dans les régions où je vais continuer ma route, en revanche j'espère bien pouvoir voir des lémuriens dans la région de Fianarantsoa.

29/08/08

Encore un réveil à l'aube, décidément ces temps ci je ne dors pas beaucoup. Il doit être 6 h du matin, il fait encore nuit. Je regarde par la fenêtre, les commerçants qui vendent de tout et n'importe quoi commencent déjà à installer leurs stands, ils seront encore là à 11 h du soir. Je rassemble rapidement mes affaires dans ma petite chambre d'hôtel et je descends prendre mon petit déjeuner. Je me dépêche, le train part pour sept heures, je hèle un pousse-pousse qui me conduit tout droit à la gare, je me dirige au guichet pour les personnes ayant réservées leur ticket et je me retrouve sur le quai.

Le train est assez incroyable, il est magnifique, c'est un vieux train à vapeur avec une locomotive qui doit dater de la guerre, on se sent revenir cinquante ans en arrière en voyant les vieux wagons verts en bois. Le train n'est composé que de quatre wagons ; trois secondes classes et un première classe tout à l'arrière du train, après en avoir fait le tour et examiné la vieille locomotive j'entre dans le wagon de première classe. Il n'y a que des européens dans ce wagon, beaucoup d'allemands et quelques français et italiens, la première classe n'a rien d'extraordinaire, en fait les quatre wagons sont tous semblables sauf qu'en première il n'y a pas plus de passagers que de sièges contrairement à la seconde classe.

Je redescends du train quelques minutes, avant qu'il ne parte, et je discute un peu avec un couple de français qui voyage avec leurs deux filles et un guide. Nous étions en train de parler de ce que nous avions chacun vus lorsqu'il s'est passé quelque chose d'assez incroyable : un peu plus loin de nous il y avait un jeune malgache d'une vingtaine d'années qui nous regardait depuis plusieurs minutes, ou plus précisément qui regardait les deux jeunes filles du couple de français avec insistance ; à un moment il s'est avancé vers nous et à dit quelque chose en Malgache, le guide à un peu hésité puis à fini par traduire au père de famille . «  Ce monsieur vient de dire qu'il souhaiterait épouser une de vos fille, pour cela il est près à vous donner deux zébus et cinq vélos... ». Stupeur général, finalement nous n'avons pas pu nous empêcher de rire ce qui mit le jeune homme dans une situation embarrassante et il est parti comme ça. On a bien dû rire et plaisanter là-dessus pendant encore au moins un quart d'heure mais nous étions quant même un peu honteux de notre réaction qui avait fait fuir le jeune homme. En tout cas voilà une anecdote que je ne suis pas près d'oublier et que je tenais à vous raconter. Cela peut nous paraitre incroyable, en tout cas la situation nous parut ainsi, cependant nous savions tous que les demandes en mariage se font ainsi à Madagascar, en tout cas la plupart du temps, mais nous ne nous attendions pas du tout à en être témoin et encore moins dans de telles circonstances.

Le train part à l'heure, il vaut mieux d'ailleurs quant on voit sa vitesse de croisière, au bout de cinq cents mètres il y a encore des gamins qui courent derrière sans se laisser distancer. Il nous faudra toute la journée pour arriver à Fianarantsoa, c'est-à-dire plus de douze heures pour parcourir moins de cent cinquante kilomètres, le train s'arrête en fait une vingtaine de fois dans de petites «gares» durant son trajet, parfois il y reste plus d'une demi heure car il y décharge ou charge des choses ce qui explique le temps qu'il met. D'ailleurs au bout d'une dizaine de minutes nous nous arrêtons une première fois, aussitôt pleins de Malgaches accourent aux fenêtres de notre wagon pour nous vendre des bananes, des gâteaux etc.

Dans notre wagon les allemands passent en permanence d'une fenêtre à l'autre pour filmer et mitrailler tout ce qu'ils voient, en particulier un homme qui a une caméra et deux appareils photos autour du cou.

A une escale je descends du wagon et un vieux malgache vient me faire la discussion, il me parle du train qui existe depuis des décennies, avant c'était uniquement un train commercial puis avec le développement du tourisme et le besoin de mobilité des Malgaches le train est devenu un moyen de transport, j'ai aussi appris qu'il arrive fréquemment au train de dérailler, sans gravité mais cela peut faire perdre plusieurs heures.

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Arrêt du « train des falaises » dans une des gares

Nous repartons, les paysages au milieu desquels nous passons sont incroyables. La voie ferrée qui borde à présent de longues falaises monte en pente très raide ponctuée de ponts, de rivières, longeant les rapides avant de traverser d'impressionnantes chutes. A un moment l'océan devient même perceptible à l'horizon au-delà des cimes. Les villages se suivent. A chaque halte c'est la même effervescence, de nombreux trocs et échanges entre les passagers du train et les habitants du village alentour : fruits, boissons, cigarettes, pierres précieuses se négocient dans les couloirs du train, sur le quai et même jusque dans les sous bois, jusqu'à ce que le signal du départ soit donné.

Le temps passe en fait très vite grâce aux paysages, aux discussions avec les autres passagers et les relations que l'on a avec les villageois à chaque arrêt. Un des passagers, un vieux routard qui a déjà pris ce train de nombreuses fois m'explique qu'il permet de se rendre compte du travail de la déforestation sur le paysage Malgache, en particulier sur la forêt, au départ de Manakara le train traversait une forêt tropicale déboisée, a présent nous sommes en zone protégée des arbres ont donc été plantés pour remplacer ceux qui ont été coupés, à d'autre endroits les pluies torrentielles ont complètement décapé le sol et fait ressortir la terre rouge...

Dans une des haltes j'ai moi-même put prendre une banane à même un bananier, à chaque fois que nous repartons des enfants courent derrière le train, des adolescents un peu plus âgés s'accrochent même derrière sur une centaine de mètres avant de lâcher quant le train s'éloigne trop de leur village. Un peu plus loin lorsque nous descendons du train une quinzaine d'enfants viennent nous entourer pour nous demander des crayons et des stylos, après quelques stylos distribués le mot passa comme quoi les Vazahs distribuaient des stylos et des dizaines d'autres enfants vinrent se grouper autour de nous. Ce fut aussi à cet arrêt, environ aux deux tiers du parcours, que le wagon dans lequel j'étais se remplit brusquement, en effet on m'avait prévenu, globalement le train se rempli au long de son trajet et vers la fin il n'y a presque plus de personnes qui descendent alors que de nombreuses montent, du coup, une fois les wagons de secondes classes bourrés les personnes montent en première. Ça a mit un peu d'ambiance dans notre wagon à présent il n'y avait plus de première et de seconde classes, tous les wagons étaient pareils, surchargés. Il fallait jouer des coudes pour atteindre la sortie à l'arrière lorsque l'on voulait descendre se dégourdir les jambes à un arrêt et ne pas compter retrouver sa place au retour. A un moment je me suis même retrouvé pendant une vingtaine de minutes sur la petite marche à coté de la porte de sortie, debout et me tenant d'une seule main, au milieu de deux ou trois autres personnes, ce moment était assez incroyable, je pouvais presque toucher la végétation qui s'étendait des deux cotés de la voie ferrée et je pouvais voir tout le paysage autour de moi, en fait j'y serais bien rester plus longtemps si je n'avais pas dû bouger pour laisser des personnes descendre du train à l'arrêt suivant.

Nous sommes en fin de compte arrivés à Fianarantsoa vers 19h, le train n'a pas eu de retard particulier comme cela était à craindre. Toutes les personnes connaissant Madagascar pour y être déjà allé m'avaient fortement conseillé de prendre ce train, toutes en parlaient comme d'une petite aventure à ne pas manquer, je dois bien avouer que je ne suis pas prêt d'oublier ce voyage au milieu des montagnes et de la jungle.

Dans le train j'avais commencé à regarder de près à quel endroit je pourrais bien passer mes quelques jours à Fianarantsoa, j'ai découvert sur mon guide un hôtel un peu particulier: « l'espace Mahavantana », il s'agirait en fait plus d'une sorte de refuge pour les petits budgets que d'un hôtel, à en croire mon guide le cadre est superbe et le prix inférieur à 6000 ariars la nuit (moins de 3 euros) pour un chambre simple. Je m'y rends donc en taxi une fois arrivé.

30/08/08

Fianarantsoa, littéralement « la ville ou s'apprend le bien » est considérée comme étant la porte du sud de Madagascar, cette ville est toute vallonnée ce qui rend la circulation de pousse-pousse impossible, ici tous les déplacements un peu longs se font en taxi, leur prix reste très abordable dans cette ville grâce à leur grand nombre qui amène de la concurrence

Cette ville n'a rien d'intéressant en soit pour mon projet, en revanche elle possède de nombreux bâtiments à l'architecture admirable, notamment un grand nombre d'églises car Fianarantsoa est un des centre religieux les plus important du pays. Il y a aussi une autre chose très intéressante à visiter non loin d'ici : c'est le parc national de Ranomafana. Je compte y aller dans l'espoir d'y voir des lémuriens, le lémurien est le symbole par excellence de Madagascar, on ne sait pas bien pourquoi mais on n'en trouve nulle part ailleurs au monde alors qu'ici il y a des dizaines d'espèces différentes, louper une telle chose serait quant même impardonnable de ma part, déjà que je n'ai pas vu de baobab...

Cette nuit j'ai dormi comme un loir et je me suis permis de faire une grasse matinée, ces derniers temps j'ai dû à plusieurs reprises me lever tôt pour des départs ou des visites en tous genres et le soir je dois rédiger mes petites aventures de la journée tout en commençant à rédiger mon rapport sur les pierres précieuses. Hier soir en rédigeant le compte rendu de ma journée je me suis souvenu que je n'avais toujours pas envoyé de carte postale à Zellidja, je décide de réparer cet oubli dans la journée même.

Il est déjà près de midi, l'espace Mahavantana est vraiment un petit coin superbe, j'ai même du mal à comprendre pourquoi les tarif ne sont pas plus élevés. Il s'agit en fait d'un vieux bâtiment plein de charme, qui devait être une école, entouré par un mur assez haut qui confine l'endroit, à l'intérieur, devant le bâtiment sont disposés sur de la pelouse plein de petites tables sur lesquelles on peut déjeuner ou venir s'assoir pour faire un bout de lecture. Le tout parait un peu vieux et rustique, jusqu'aux chambres dans lesquelles la peinture du mur commence à partir et les lits sont fait de vieux bois rongé par les vers, on pourrait croire que c'est fait exprès pour donner un certain cachet au lieu mais pas du tout, le bâtiment tombe bel et bien en ruine, en tout cas peu importe le résultat est surprenant.

Je ne sais même pas par où commencer mes visites tellement il y a de chose à voir. Je commence quand même par me rendre à la gare routière pour regarder les horaires de départ des bus pour le parc Ranomafana pour le lendemain. Je réussis à en trouver un qui part à 7 h 30.

Je finis ma journée en me baladant dans la ville haute entre les vieilles bâtisses et les églises. Au milieu de ma petite ballade j'aperçois un café-bar : le Français. C'est le premier bar que je vois depuis que je suis à Madagascar. J'entre et je me sens un peu de retour en France avant l'heure. La plupart des «café-bar » à Madagascar sont de vieille bicoque où l'on vient quand on ne trouve pas de café ailleurs, celui-ci est très différent, il est tenu par un français qui a eu les moyens de faire construire un établissement comme ceux que l'on trouve en France. J'y entre donc bien volontiers pour faire une sorte de break avant de retourner dans « l'authentique » Madagascar, ça fait quant même du bien, après avoir voyagé pendant des heures et des heures à vingt dans des bus de dix places, dormi quelques heures par nuits dans des petits lits etc. de pouvoir s'assoir confortablement quelque part et de siroter quelque chose. Je me rends compte que la vie de routard n'est pas des plus faciles, il faut souvent mettre le confort et l'hygiène de coté...mais je ne regrette vraiment rien et serai près à continuer ce voyage pendant encore des mois. Si je n'étais pas allé où je suis allé je n'aurai jamais fait ce que j'ai fait. Il est certain qu'aucune des rencontres et des expériences uniques que j'ai eu n'aurait eu lieu.

Il y a même une télé dans ce bar, c'est la première fois que j'en vois une depuis que je suis parti de chez les français qui m'ont accueilli à Antananarivo, je suis vraiment content car je peux enfin savoir ce qui s'est passé au JO de pékin qui viennent de se terminer, jusqu'ici je n'ai pu suivre les événements en France et dans le monde que grâce aux quelques cybercafés équipés d'internet que j'ai rencontré sur ma route.

30/08/08

Encore un réveil très tôt certainement inutile, je dois en effet me rendre à la gare routière pour prendre le bus de 7h 30 qui doit m'emmener au parc national de Ranomafana mais comme les autres il y a de grandes chances pour qu'il ne parte pas avant 9h.

J'avais encore vu juste et chaque fois je me demande pourquoi je ne suis pas mon intuition, depuis le début de ce voyage cela m'aurait fait gagner des dizaines d'heures de sommeil, en plus je sais qu'il y avait plus de neuf chances sur dix pour que ce bus parte avec au moins une heure de retard, mais à chaque fois c'est la même chose et je décide de ne pas prendre le risque de louper mon car.

L'entrée du parc est située à une soixantaine de kilomètres de la ville soit plus d'une heure et demie de trajet avec un mini bus aussi bourré à l'intérieur que sur le toit. Il fait un temps très médiocre, presque pluvieux, ce qui ne motive pas les lémuriens et les caméléons à se montrer d'après mon guide du routard. L'arrivée se fait donc vers les 10h30, trop tard pour commencer à visiter le matin, j'attends donc que le petit restaurant à côté ouvre puis après un léger repas je vais chercher mon billet d'entrée. La plupart des visiteurs sont des américains, c'est presque la première fois que j'en vois à Madagascar, en fait la plupart vienne de la capitale à environ 5h de route de là. Le billet d'entrée n'est pas donné, de plus il est obligatoire de prendre un guide avec soi, tellement le parc est grand, il parait que plusieurs personnes y étant allées seules s'y sont déjà perdues, je viens donc de « claquer » une somme représentant trois jours de budget en quelques minutes.

Mon guide s'appelle Roland, du moins c'est le nom français qu'il s'est donné, quelqu'un de vraiment sympathique ce Roland, toujours le mot pour rire du début à la fin. Dès notre entrée dans le parc, alors que nous n'avions pas fait cent mètres il s'arrête et se met à scruter pendant plus d'une minute les feuilles d'un petit buisson qui nous arrivait à la hauteur de la tête et me dit que je suis sensé y voir un caméléon, je m'approche, regarde de près sous tous les angles et ne vois rien, il se met à rire et m'indique une certaine zone. Je ne vois toujours rien alors il me montre, sur un toute petite branche, un minuscule caméléon d'à peine un centimètre de longueur, j'avoue que je ne m'attendais pas à ça, je savais qu'il existe de tout petits caméléons, mais de cette taille c'est impressionnant. Nous continuons notre route, nous passons sur un pont de singe au dessus d'un torrent, on se croirait un peu dans indiana jones, un peu plus loin il recommence à s'arrêter au pied d'un sapin et puis se redresse au bout de quelques minutes en me disant que l'animal qu'il voulait me montrer n'était pas là. Il m'explique qu'en général les caméléons et autres animaux dans ce genre ne bouge pas beaucoup de place, ils peuvent rester au même endroit pendant presqu'une semaine. Tout en marchant il me nomme les plantes à coté desquelles nous passons entre deux plaisanteries, nous commençons à pénétrer pour de bon dans la forêt dense, nous quittons le chemin principal et Roland m'entraine sur un petit sentier à peine perceptible qui monte en pente rude. Il me fait comprendre que je ne viens pas au meilleur moment pour apercevoir un lémurien de près, ils préfèrent en général le matin et le beau temps alors que nous sommes l'après midi et qu'il commence à pleuvoir.

Au bout d'une demi-heure de crapahutage nous en voyons quand même un, il est tout petit et blotti dans le trou d'un tronc d'arbre, ce n'est pas l'espèce que l'on voit le plus fréquemment dans le parc, d'ailleurs il s'agit d'un lémurien qui sort d'ordinaire la nuit, c'est donc presque exceptionnel que nous en voyons un comme ça. Par la suite nous en verrons encore quelques un mais toujours de très loin, dans des arbres.

Au retour, alors que nous arrivons vers l'entrée du parc nous voyons un groupe de personnes toutes armées d'appareils photo autour d'un lampadaire, nous nous approchons et apercevons un énorme papillon jaune posé sur le lampadaire, il devait bien mesurer une vingtaine de centimètres de hauteur, il était vraiment magnifique.

Pour le retour le bus est censé partir vers les 19 h, il n'est que 18h, je vais donc certainement devoir attendre plus de deux heures. Je vois trois jeunes français un peu plus loin, ils m'apprennent qu'ils viennent de la Réunion et qu'ils sont ici en vacance, eux aussi attendent le bus, au bout de quelques minutes arrive un gros quatre quatre, il semble aller en direction de Fianarantsoa, une des filles du groupe va demander si le chauffeur peut nous prendre tous les quatre.

Au bout de quelques minutes de négociations et un prix fixé à 10 000 ariars par personnes l'homme accepte de nous prendre, le bolide va à une autre vitesse que le minibus, le quatre-quatre appartient en fait à des américains et cet homme est leur chauffeur, il doit se rendre à Antsirabe,,, du coup Fianarantsoa n'est pas vraiment sur sa route, mais bon pour 40 000 ariars...Trente minutes plus tard je suis de retour à mon hôtel, rendez-vous a été pris avec les Réunionnais pour un petit repas le lendemain.

Encore une journée inoubliable vient de se dérouler, j'ai pu pénétrer dans la « jungle », voir des lémuriens et un gigantesque papillon.

31/08/08

Je décide qu'aujourd'hui sera ma dernière journée à Fianarantsoa, avant d'aller au restaurant « le Panda » avec les Français rencontrés la veille je vais refaire un tour à la gare routière pour prendre les horaires des bus qui vont à Antsirabe le lendemain, Antsirabe sera ma dernière étape avant le retour à la capitale et en France. Cette fois c'est décidé je ne viendrais pas avant une heure après l'heure prévue du départ. Il me reste un peu de temps avant que ne soit midi, j'entre donc dans une librairie spécialisée sur Madagascar pour feuilleter quelques bouquins, je tombe alors sur un revue mensuelle « mines et forage ». Cette revue est très intéressante car elle m'amène les explications un peu techniques que je n'ai pas pu trouver ailleurs, je la prends en me disant que ça complétera bien mon exposé.

Je suis au Panda avec Florent, Stéphanie et Miriam, le restaurant est un peu chic et l'ambiance très sympa, je fais un peu la grimace en voyant que le prix d'une entrée représente environ mon budget nourriture de la journée, bon tant pis j'essayerai d'économiser ailleurs. Ce sera finalement crabe farci, filet de zébu à la sauce au poivre et glace. Florent, Stéphanie et Miriam sont aussi étudiant, dans la même fac à la réunion, eux aussi ont décidés de faire une petite folie pour ces vacances en quittant la France pour passer trois semaines à l'étranger, ils ont quant même un peu du mal à comprendre ce que je fais.

Nous passons ensuite l'après-midi à nous ballader, nous sommes notamment montés jusqu'au belvédère, la montée par les escaliers dura bien trente minutes mais elle valait le coup. Au sommet nous découvrons le panorama de la ville, l'agglomération, blottie entre les vallons et les rizières s'étend sur fond de montagnes et de collines, c'est superbe, d'autant plus que le temps c'est améliorer depuis la veille.

On s'est dit au revoir alors qu'il commence à faire nuit, ils prennent le train des falaises dans deux jours pour aller à Manakara et continuer en remontant la côte ouest. De mon côté, je pars le lendemain pour Antsirabe.

01/09/08

Le bus aurait du partir depuis une heure et je viens juste de me lever, pas grave, je suis sûr de l'avoir...après tout on est au pays du « Mora-Mora » (doucement, doucement). Un petit au revoir à la dame de l'accueil et à ce charmant petit refuge et je me rends à la gare routière en taxi.

Il faut environ 7 heures de routes pour se rendre à Antsirabe et je sens que je commence à être malade, je savais pourtant que je n'aurais jamais dû prendre un crabe farci la veille au restaurant, en effet dans ce pays rien ne se jette et dans les villes un peu loin des côtes il faut s'attendre à ce que tout ce qui vient de la mer soit congelé et décongelé plusieurs fois avant de se retrouver dans une assiette, d'où mon mal de ventre.

Antsirabe sera la ville dans laquelle je compte rester le plus de temps, on peut y trouver presque de tout dans les environ, une bonne partie des pierres exploitées viennent de cette région. On y trouve à moins de vingt kilomètres des mines de morganites, des mines de tourmalines, de citrine, et à Betafo une petite ville à coté on peut trouver des mines de kunzite. Toutes ces pierres ne sont pas vraiment des pierres précieuses mais des pierres fines, il n'existe en fait que quatre pierres précieuses : le diamant, l'émeraude, le saphir et le rubis, tous le reste n'est que pierres semi-précieuses et pierres fines. Elles ont une valeur marchande bien moins importante car elles sont moins rares mais elles sont toutes autant naturelles et belles.

Arrivée vers les 16 heures à Antsirabe, cette ville est perchée sur les hauts plateaux de Madagascar à plus de1500 mètres d'altitude il y fait donc assez froid et il y a beaucoup de vent, il parait qu'à cette époque de l'année les vitres se couvrent de givre pendant la nuit. Le chauffeur du minibus me demande à quel hôtel je me rends et me propose de m'y déposer en minibus une fois que tout le monde sera descendu. Il me dépose donc juste devant l'hôtel « ville d'eau », en plein centre d'Antsirabe, juste en face de la cathédrale. Avant que je sorte il me dit avec un grand sourire «  vous verrez, c'est une belle ville même s'il ne fait pas toujours beau ».

Après m'être installé je m'en vais faire un petit tour. Cette ville est agréable, on peut y trouver de nombreuses pelouses et parcs tout au long des promenades, c'est aussi une ville thermale importante grâce aux sources d'eau chaude, je compte même y faire peut-être un petit tour. Je me promène dans les rues toute la soirée et échoue dans un petit restaurant italien ou je refais le monde avec un couple de français à la retraite durant un bonne partie de la nuit. Ils ont un appartement dans le quartier, en fait ils habitent ici pendant six mois et le reste de l'année à Strasbourg.

A notre sortie du restaurant il y a toujours un dizaine de pousse-pousse qui attendent dans l'espoir de trouver un client vazaha (car le prix peut facilement atteindre 20 fois le prix normal, c'est-à-dire le prix pour un malgache). Comme je ne sais plus trop par où est mon hôtel j'en prends un et lui demande simplement de m'amener à l'hôtel « ville d'eau ». En fait la plupart du temps, lorsque je prends un pousse-pousse ce n'est pas pour ne pas avoir à marcher mais plutôt pour trouver mon chemin, les chauffeurs de pousse-pousse connaissent la ville sur le bout des doigts et ils me servent en fait en quelque sorte de guide. Celui qui me conduit ce soir s'appelle François, il me fait penser à un acteur américain mais je ne me rappelle plus son nom Arrivé au «  ville d'eau » il me donne rendez-vous d'office pour le lendemain matin, j'ai un peu du mal à lui expliquer que je ne sais pas trop ni à quel heure je vais me lever ni si j'aurais vraiment besoin d'un pousse-pousse le lendemain matin, c'est pas grave, il décide quand même de m'attendre dans l'espoir que j'aurai besoin de lui.

02/09/08

Cette journée et les prochaines seront consacrées en grande partie à mon projet, il me reste encore beaucoup de choses à découvrir et à apprendre sur les mines, je souhaite avoir le maximum de points de vue différents : celui des lapidaires, des acheteurs, des mineurs, des responsables, directeurs ou propriétaires de mines etc. Antsirabe est une ville idéale pour ça car tous ces acteurs se retrouvent ici vu que c'est l'une des places tournantes des pierres précieuses dans le pays.

Après avoir arpenté pendant des heures l'office du tourisme de la ville et toutes les compagnies organisant des escapades près des mines, j'ai réussi à mettre sur pied un emploi du temps assez satisfaisant pour les cinq prochains jours, les jours durant lesquels je vais me consacrer entièrement à mon projet et commencer à mettre en forme mon rapport en ordonnant les idées.

Du 03/09/08 au 07/09/08

Ce que j'ai découvert dans les mines des environs pendant ces quelques jours est très intéressant, il s'agit ici de mine presque industrielle, ce ne sont plus les petites mines de petits paysans pauvres essayant d'arrondir leurs mois quand ce n'est pas la saison des récoltes. J'ai réellement pu comprendre et mesurer l'envergure de cette industrie et son poids dans l'économie Malgache, j'ai même réussi à avoir un petit entretien avec le gérant d'une des mines que j'ai visité...bref c'est super et j'ai vraiment l'impression d'avoir appris des tas de choses.

Le 3 au soir j'ai fait la rencontre d'un Malgache d'une trentaine d'années, Méenrika, je l'ai rencontré dans un petit restaurant Malgache. Il m'a raconté qu'il faisait autrefois partie de l'équipe nationale de foot de Madagascar, sur le coup j'ai quand même eu un peu de mal à le croire puis il m'a montré quelques photos de lui quand il jouait, il m'a aussi expliqué que les joueurs professionnels de foot n'ont pas la même notoriété ici qu'en Europe et leur niveau de vie n'est pas le même bien qu'il soit quand même largement au dessus de celui de la plupart des gens. C'est vrai que c'était le premier malgache de son âge que je croisais qui avait un mode de vie presque occidental. Il cherchait à présent à se lancer dans le tourisme et à monter quelque chose sur Antsirabe, nous avons longtemps parlé de ses projets puis des miens et finalement d'un peu de tout et de rien. Il était en ce moment à Antsirabe car il était en train de déménager et il attendait que ses meubles arrivent de la capitale dans les prochains jours, en attendant il dormait dans un hôtel un peu plus loin. Nous avons rapidement sympathisé et comme il n'avait rien de spécial à faire dans les prochains jours il s'est proposé de me servir plus ou moins de guide si je voulais voir quelque chose de particulier. Je lui ai expliqué que mes journées seraient toutes prises par mon projet mais que dans mes fins d'après midi je pensais bien visiter un peu la ville.

J'ai donc pu visiter un peu la ville durant ces quelques jours en compagnie de Méenrika, de la fabrique de la fameuse bière THB à de petits atelier d'artisans...j'ai même eu le privilège d'assister à un « retournement des morts » lors d'une après midi. Il s'agit d'une tradition qui consiste à sortir le mort de son tombeau trois ans après sa mort pour lui faire faire un tour du village (ou de la ville), c'est une occasion de faire la fête pour toute la famille et les amis du défunt lors du « défilé » en chantant et en dansant.

08/09/08

J'arrive à présent au bout de mon voyage, il ne me reste plus qu'à rentrer à Tananarive faire une petite visite à Laurent et Gwenaëlle et je devrais prendre mon avion le 11. Il y a plus de 8 heures de route entre Antsirabe et Tananarive, nous arrivons donc à l'heure où il commence à faire nuit, vers les 18 h. Je n'ai pas trouvé de cabine téléphonique à Antsirabe je débarque donc un peu à l'improviste chez le couple de français, ce n'est pas grave ils m'avaient prévenu que je pouvais venir dans les derniers jours de mon voyage sans les prévenir à l'avance. Ça m'a vraiment fait plaisir de les revoir, apparemment eux aussi, nous avons papoté toute la soirée et une partie de la nuit autour d'un verre sur ce que j'avais fait et vu pendant mon parcours.

09/09/08

Je passe la matinée à faire le tour de l'avenue de l'indépendance où se trouve de nombreux magasins et librairies pour acheter quelques souvenirs. Je compte passer l'après midi à flâner un peut partout dans la ville une dernière fois avant de partir le lendemain pour Ivato, la petite ville à quelques kilomètres de la capitale où se trouve l'aéroport international du pays. Je retourne faire un tour le long du marché aux fleurs et dans le quartier de l'hôtel Colbert ou j'avais rencontré Daniel Pogorselski la première fois.

Je décide de passer la nuit à l'hôtel Raphia non loin de là, cet hôtel possède une terrasse sur son toit de laquelle on a une vue incroyable sur toute la ville, c'est ici et dans cette ambiance que je continue de mettre en forme mon rapport pendant une partie de la nuit.

10/09/08

Et voilà, j'y suis, j'appelle un taxi qui me conduit à la ville d'Ivato, je lui demande de m'amener à l'hôtel le plus proche de l'aéroport, mon départ à lieu le lendemain matin à10h. Ce sera donc l'hôtel « le manoir rouge », cet hôtel appartenant à un français est certainement le plus beau où je me suis rendu pendant ce séjour, il s'agit en fait de plusieurs bâtiments très modernes répartis sur un petit parc dans lequel on peut voir des lapins, des paons, des tortues etc. C'est parfois curieux de voir à quel point ce ne sont pas les hôtels les plus beaux qui sont les plus chers et même loin de là.

Je passe une partie de l'après midi à faire un peu de lecture sur la petite terrasse du restaurant de l'hôtel quand un français de soixante dix ans environ s'approche de moi et me demande si je parle français, après quoi il me dit en rigolant « parfait nous allons pouvoir faire la conversation! ». Cet homme est assez incroyable, il fait en quelque sorte la même chose que moi, il a passé trois semaines à vadrouiller avec son petit vélo pliable dans les alentours de Tananarive sans savoir vraiment où il allait. Il me raconte que c'est la première fois de sa vie qu'il prend de vraies vacances et qu'il a donc décidé de faire les choses en grand en partant seul à Madagascar avec son petit vélo.

Je trouve ça incroyable la facilité avec laquelle des gens qui ne se connaissent absolument pas peuvent parler pendant des heures quand ils sont loin de chez eux, ce fut mon cas tout au long de ce voyage pour plusieurs raisons : déjà les malgaches sont d'une convivialité naturelle et les contacts se font tout de suite, quand on rencontre un compatriote on est toujours content de discuter quelques minutes sur nos impressions sur le pays et le voyage, enfin, pour ma part, c'est vrai que la liberté de ce voyage et le fait que je sois seul m'incite réellement à aller vers les autres, à chaque fois je me dis que je n'aurais certainement jamais parlé autant avec toutes ces personnes si je les avais rencontrées en France.

11/09/08

La partie la moins drôle dans tous les sens du terme vient de commencer, je suis en train de patienter dans une queue d'une trentaine de mètres de long à l'aéroport pour enregistrer mes bagages et j'ai un mal de ventre depuis la nuit derrière. Je repasse en revue tout ce que j'ai fait et vu durant ce mois et me dis avec tristesse que ça ne se repassera peut-être plus jamais. En tout cas j'ai au moins la satisfaction de ne rien regretter et que tout s'est très bien passé dans l'ensemble, ce voyage restera certainement pendant très longtemps la chose la plus folle et la plus incroyable que j'ai fait.

Le décollage a lieu vers les 10h30 et je dis adieu à cette terre qui m'a accueilli pendant plus d'un mois. Dans l'avion je ne réussis pas à dormir, je suis fatigué mais j'ai trop mal au ventre pour m'endormir, je regarde donc sur la petite télé en face de moi les films qui passent en boucle durant les douze heures de vol.

Atterrissage à Orly où il pleut, je récupère mes bagages qui sont bien arrivés avec moi et je me rends dans une salle d'attente. Il est 11h du soir et mon train part le lendemain à 6h pour Lyon, j'attends, je me ballade un peu dans cet immense aéroport désert, je ne croise que quelques personnes endormies sur des bancs et des femmes de ménage un peu partout. Je ne sais pas trop quoi faire pour tuer le temps, je ne me sens pas de continuer la mise en forme de mon rapport maintenant, finalement après avoir dérivé pendant quelques temps je me retrouve dans une salle d'attente avec des Playstations 3 pour faire patienter les enfants avant les embarquements. A cette heure ci elles sont toutes libres, je suis d'ailleurs le seul dans cette salle, faute de mieux ce sera donc ma distraction en attendant qu'il soit 5 h du matin, heure à laquelle je pendrai un taxi pour me rendre à la gare de Lyon d'où je rejoindrai ma ville ou j'aurai déjà dû rentrer depuis 3 jours à cause de la rentrée scolaire : Saint-Etienne.

 

REMERCIEMENTS  :

Je souhaite remercier ici toutes les personnes qui m'ont permis de mener à bien mon voyage et mon étude :

-Tout d'abord la fondation Zellidja sans qui rien n'aurait été possible et qui m'a permis de vivre cette aventure inoubliable.

-Les personnes qui ont accepté de me rencontrer pour que je puisse faire du mieux possible mon étude.

-Les internautes que j'ai rencontré sur des forums et qui m'ont permis de préparer du mieux possible ce voyage en m'éclairant de leurs lumières et de leurs conseils.

-Gwenaëlle et Laurent, rencontrés sur couchsurfing , qui ont accepté de m'héberger lors de mon arrivée à Madagascar et avant mon retour en France.

-Enfin je souhaite remercier l'ensemble de la communauté Z qui m'a permis de monter mon projet dans le peu de temps que j'ai eu.